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La Chine, par l'intermédiaire de Huawei, veut redessiner l'Internet mondial pour qu'il soit plus simple à contrôler.

Alors que le déploiement de la 5G débute à peine, les acteurs du marché des réseaux mobiles pensent déjà à l'après. Huawei estime que la 6G devrait débarquer vers 2030, mais ne connait pas encore la forme que celle-ci va prendre.

New IP, le Web censuré rêvé par la Chine ?

Pour préparer cette nouvelle génération de réseau mobile, Huawei aurait pour ambition de repenser complètement la manière dont fonctionne le Web et dont on accède à Internet.

Le constructeur chinois propose un principe qu'il appelle « New IP ». L'objectif affiché est de contrôler le Web pour en renforcer la sécurité intrinsèque. Et pour ce faire, les individus devraient s'authentifier avant de pouvoir accéder à Internet.

Ainsi, les autorités seraient capables de fermer à tout moment l'accès à Internet pour les utilisateurs qui ne respecteraient pas la loi.

Huawei n'a que faire de la neutralité du Net

Bref, Huawei prône un bouleversement, que d'aucuns qualifient de « liberticide », du Web, qui entre en totale contradiction avec le principe de neutralité du Net. Sans surprise, le gouvernement chinois supporte Huawei dans ce projet, et on peut même penser qu'il est à l'origine de cette initiative.

La Chine a mis en place ces dernières années des mesures de censure, des systèmes de surveillance de masse et un programme de crédit social encore en cours de test, qui attribue une note aux citoyens en fonction de leurs actions. Avec une mauvaise note, les Chinois sont privés de certains services, comme voyager en train ou en avion. Avec ce nouvel Internet, ils pourraient aussi être interdits d'accès au Web.

Huawei fut l'un des grands groupes à participer à l'élaboration des standards 5G. Son poids est moindre depuis les sanctions américaines à son encontre, mais l'entreprise peut encore influencer les débats et les décisions, surtout avec le soutien du gouvernement chinois.

La défense de Huawei

Face à la levée de boucliers qu'a engendré l'annonce de « New IP », Huawei a tenu à clarifier sa vision des choses. D'après le géant des télécoms, New IP ne va pas définir les modèles de gouvernance pour l'utilisation d'internet ni conduire à un Web plus centralisé.

Huawei soutient que New IP permettrait un internet plus sécurisé. Des problèmes comme l'usurpation d'adresse IP, les fuites de données personnelles et les attaques par déni de service (DDoS) pourraient être résolus avec cette architecture Internet, revue de fond en comble.

Huawei insiste également sur la qualité de service et d'expérience améliorée que promet New IP. Pour la 6G par exemple (dont les contours n'ont pas encore été définis, il s'agit ici de la vision de la 6G de Huawei, ndlr.), New IP prendrait mieux en charge les technologies de réseau émergentes : satellites, V2X (pour les véhicules connectés), réseaux de communication exploitant les bandes de fréquence térahertz (THz).

Le point de vue d'un expert innovation technologique et démocratie

Des explications qui ne parviennent toutefois pas à convaincre Mark Montgomery, directeur du Center on Cyber and Technology Innovation et membre d'une fondation pour la défense de la démocratie. Selon lui, New IP est basée sur des fondements technologiques défectueux qui menacent de fragmenter Internet en plusieurs réseaux lesquels seraient moins stables, moins fiables et moins interopérables.

Il dénonce en outre le fait que Huawei ait délibérément évité certains organismes gérant normes et standards afin d'esquiver une analyse de New IP par des experts qui pourraient précisément soulever tous les points problématiques de ce nouveau système.

Montgomery estime que si Huawei a choisi de travailler jusqu'ici seulement avec l'Union internationale des télécommunications (UIT), qui dépend des Nations Unies, c'est parce que la Chine y exerce une très forte influence. Selon lui, l'UIT ne devrait pas avoir son mot à dire sur cette question. L'Internet Engineering Task Force (IETF) serait notamment l'endroit idoine pour juger en bonne et due forme les forces et faiblesses du projet New IP.

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