Apple contre Samsung, Yahoo contre Facebook, Google contre Oracle... les batailles judiciaires sur fond de violations de brevets sont nombreuses ces dernières années, et leur impact sur l'innovation technologique fait souvent débat. Pour beaucoup d'observateurs, une refonte du système de dépôt de brevet serait un début de solution, aux particuliers aux USA où il est possible de breveter idées et concepts. Mais pour Microsoft, si le système mériterait bien quelques perfectionnements, il fonctionne néanmoins très bien.
« Il y a des zones à améliorer dans le système de brevets... mais ça ne signifie pas qu'il y a besoin, du moins de notre point de vue, d'opérer une refonte radicale ou un changement complet du système dans le domaine technologique » a commenté l'avocat de Microsoft Bart Eppenauer à Wired. Employé de la firme depuis 15 ans, il a largement contribué a étoffer son portefeuille, qui compte aujourd'hui 31 000 brevets déposés aux USA et à l'international, ainsi que 38 000 demandes de dépôts en cours.
Microsoft est loin d'être le premier détenteur de brevets : IBM est depuis 18 ans sur la première marche du podium, avec plus de 40 000 dépôts validés à son actif. La firme de Redmond est même plutôt à la traîne, puisque de la troisième place détenue en 2011, elle est désormais sixième du classement derrière IBM, Samsung, Canon, Panasonic et Toshiba. Une situation qui n'a pas empêché Microsoft de déposer plus de 2 300 brevets en 2011.
Le point de vue de l'entreprise diverge de celui de Google ou de Twitter, pour lesquels le système de brevet actuel ouvre la porte aux « patent trolls » qui déposent des idées dans la simple optique d'attaquer en justice des sociétés pour leur soutirer de l'argent. Une situation d'ailleurs familière à Microsoft, récemment attaqué pour violation de brevet dans Windows 8 et Windows Phone 8. Néanmoins, comme le souligne Wired, les bénéfices que tire Microsoft de ses brevets se chiffrent en milliards, sur une très longue durée : le profit est donc là malgré les plaintes pour violations présumées de brevets, une situation qui a du mal à transparaître au sein d'entreprises plus jeunes.
« Quand vous entrez dans une période où il y a de nombreuses technologies qui convergent chez de nombreux concurrents, il y a une période où les gens ont un tri à faire » explique Eppenauer. « C'est la vision sur le long terme qui est bénéfique. » En somme, pour Microsoft, rien ne sert de courir, il faut partir à point : une opinion que ne partage pas Julie Samuels, avocate de l'Electronic Frontier Foundation : « Peut-être que le système fonctionne pour Microsoft, mais c'est parce que Microsoft a beaucoup d'argent à son actif » a-t-elle commenté. Il est certain qu'avoir des liquidités aide beaucoup, en particulier lors de conflits judiciaires : le règlement « à l'amiable » établi dernièrement entre le mastodonte Apple et HTC, qui affiche des résultats financiers fortement en baisse, en est une récente illustration.