© Nokia
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L'entreprise finlandaise préfère miser sur la recherche et développement, et la compétitivité à long terme.

Par ces temps de crise, beaucoup d'entreprises veulent aller à l'essentiel : maximiser leurs profits, si elles le peuvent, et réfléchir à court terme. Nokia, elle, fait le choix inverse. Le P.-D.G. de l'entreprise Pekka Lundmark, qui a pris ses fonctions cet été, a déclaré mercredi qu'il fallait s'attendre à ce que l'entreprise ne fasse pas une marge importante l'année prochaine, puisqu'elle travaille à rendre ses équipements 5G plus compétitifs.

Un budget R&D en forte hausse depuis deux ans

Nokia anticipe d'ores et déjà une marge stable sur ses activités pour 2021. « Nous investissons maintenant tellement d'argent dans la R&D que nous sacrifions un peu la rentabilité à court terme pour arriver là où nous voulons être à long terme ». Voilà les mots du patron de l'équipementier, presque surréalistes dans une société où la rentabilité doit dominer.

L'entreprise finlandaise a en effet radicalement changé de stratégie depuis deux ans. Elle a augmenté de 40% ses dépenses en recherche et développement dédiées à la 5G depuis janvier 2019.

De tels investissements, de l'ordre sans doute de dizaines de millions d'euros, limitent forcément les marges actuelles, puisque Nokia s'attend à une marge d'exploitation de l'ordre de 0% l'année prochaine sur le réseau mobile, et entre 7 et 10% sur l'ensemble de l'activité. Avant d'assister à une amélioration concrète dans les années futures.

Nokia, lentement mais sûrement

Nokia avance à petits pas. L'entreprise a notamment vu passer sous son nez un contrat en or avec Verizon, le géant des télécoms américain, qui a préféré se tourner vers le Sud-Coréen Samsung. En contrepartie, elle a récupéré certains contrats, profitant des déboires de Huawei, plongée dans une guerre commerciale sino-américaine, qui s'est propagée sur une partie de l'Occident. Mais Ericsson lui mène la vie dure.

L'entreprise met du temps aussi à mettre à jour ses chipsets. Selon Lundmark, il faudra désormais attendre 2022 pour remplacer complètement la génération de composants actuelle, plus chère, par celles de Nokia.

Du côté de Nokia donc, on veut donner l'apparence d'une entreprise qui reste sereine (on fera fi des licenciements évoqués en France, qui pourraient laisser plusieurs centaines de personnes sur le carreau, victimes de la réorganisation de l'entreprise). « Nous devons garder à l'esprit que la 5G va porter sur un cycle de 10 ans et nous en sommes encore aux tout premiers stades de ce cycle », rappelle son P.-D.G., prêt à être patient. Outre le réseau mobile, le Cloud computing et les réseaux IP et fixes font partie des nouvelles priorités du groupe.

Source : Bloomberg