La croissance est galopante chez Nvidia, et ça n'était pas gagné d'avance. Très exposé au marché des PC, le fabricant de cartes graphiques avait vu ses résultats reculer de 3,5% en 2013. En 2014, ça va mieux. La firme américaine avait amélioré ses ventes de 14% au premier semestre. Et au troisième trimestre, elle fait mieux, avec une croissance de 16%, à 1,2 milliard de dollars. Ses profits bondissent même de 45%, à 173 millions.
Pendant qu'AMD compte essentiellement sur les nouvelles consoles de salon pour soutenir sa croissance - ce que son dernier bilan commence déjà à démentir... - Nvidia tire profit de ses cartes graphiques à destination des joueurs et des professionnels, tout en persévérant dans le domaine de la mobilité, de la virtualisation et de l'automobile. Autant de nouveaux leviers qui l'aident à affronter l'atonie du marché du PC en général.
Le PC gamer toujours fort
Il y a d'abord les jeux. Nvidia ne communique pas les chiffres de vente de son nouveau GPU Maxwell, lancé en février avec la GeForce GTX 750 Ti et renforcé en septembre sur le haut de gamme par les GTX 970 et 980 en septembre. Au dernier trimestre, Jon Peddie Research créditait Nvidia de plus de 60% de parts de marché sur ce segment, contre 37% pour AMD. Alors que le « caméléon » est exclu de la PS4 et de la Xbox One et peine à s'imposer sur mobile, il rappelle que les PC de jeux pèsent 40% de toute l'industrie des jeux vidéo.En juin dernier, le responsable chez Nvidia de la division ordinateurs portables, Kaustubh Sanghani, soulignait que « le marché du PC de jeu est plus fort que jamais, et croît à un rythme soutenu », et ajoutait que celui du « portable pour joueur, de manière plus spécifique, est en pleine expansion ». Depuis deux ans, les modèles nomades pour joueurs ont vu leurs volumes progresser de 51%, grâce à un meilleur ratio poids/vélocité.
Nvidia mise sur la virtualisation
Parallèlement, l'américain affirme continuer à gagner du terrain auprès des professionnels avec ses cartes Tesla K20 et K20X, inaugurées il y a tout juste deux ans. Selon le fabricant, ces accélérateurs sont très utilisés dans l'analyse de gros volumes de données et dans l'apprentissage automatique. Selon Trefis, Nvidia a débuté l'année en équipant 44% des « projets pilotes » de supercalculateurs et 81% des stations de travail.En mars dernier, Nvidia faisait aussi un grand pas dans la virtualisation en annonçant la disponibilité de son GPU GRID sur la plateforme VMware Horizon DaaS. Concrètement, Nvidia pourra propulser des bureaux à distance en entreprise via le logiciel de VMware. La valeur ajoutée de ce système est de pouvoir utiliser des logiciels gourmands en ressources graphiques, sur des machines modestes (et moins chères), et mobiles. Environ 600 entreprises seraient en train de tester ses serveurs GRID, 35% de plus qu'en début d'année.
De nouveaux relais de croissance
Si la virtualisation du GPU trouve des relais naturels en entreprise, elle pourrait bouleverser une partie de l'industrie des jeux vidéo. Nvidia en est convaincu : GRID offre aux éditeurs la possibilité de donner accès à leurs jeux à distance, en streaming. Disponible au téléchargement en Europe sur sa tablette de jeux Shield, l'offre est, dans ce cadre, limitée en bêta et à seulement 16 jeux. Elle est de plus assez exigeante sur la partie réseau : connexion Wi-Fi de 5 GHz, ping inférieur à 40 ms et débit descendant minimal de 10 Mb/s.Toujours est-il que le cloud gaming est une tendance - même s'il ne satisfera probablement pas avant un long moment les joueurs exigeants et amateurs de jeux de tir à la première personne (FPS), réclamant une très faible latence. Sony prévoit de lancer son offre PlayStation Now en Europe au début 2015. Dans un autre registre, Microsoft étudie la possibilité d'offrir un streaming local (PROTIP) entre une Xbox One et un PC.
L'autre approche pour offrir des jeux 3D de dernière génération sur des terminaux mobiles reste de proposer des puces tout-en-un. Nvidia espère conquérir des parts de marché avec sa Tegra K1 - dont la version 64 bits a été présentée cet été et offrirait, selon le fabricant, un niveau de performances équivalent à celui d'un PC.
Egalement destinée aux PC portables et aux Chromebook (Acer), la Tegra K1 équipe la Google Nexus 9. Nvidia a aussi séduit Xiaomi et sa tablette MiPad. L'américain compte aussi sur les systèmes embarqués dans les automobiles, de plus en plus demandeurs de fonctions connectées, pour imposer ses puces Tegra.
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