Rares sont les projets open source à connaître un succès aussi fulgurant. La première version publique des containers Docker n'est disponible que depuis juin 2014. Or, elle compte déjà plus de 700 contributeurs et près de 20 000 mises en favoris sur GitHub, la célèbre plate-forme de développement hébergée.
Pourtant, la technologie des containers est née il y a une dizaine d'années. Héritée des fameuses Zones de Solaris, l'Unix de Sun Microsystems, l'approche consiste à regrouper et isoler une application, ainsi que son environnement, dans ce que l'on appelle un container. L'application est dissociée du système d'exploitation sur lequel il tourne, exactement comme une machine virtuelle sépare le système d'exploitation du matériel hôte. L'approche a rapidement été reprise sur Linux avec LXC et c'est à partir de cet outil qu'est né le gestionnaire de containers Docker.
Avantage : plus de procédure d'installation, une ligne de commande suffisant à charger le container et à l'exécuter. Cette isolation permet aussi de lancer et d'arrêter les containers au gré des besoins, sans toucher l'OS lui-même. Mais surtout, elle règle le problème de portabilité des applications d'une distribution Linux à l'autre, ou encore, vers une plate-forme cloud. La technologie assure qu'une application fonctionnera à l'identique entre l'environnement de développement et celui de production. Du pain béni pour les développeurs et les administrateurs systèmes.
Une technologie ancienne démocratisée par Docker
Docker a immédiatement séduit les opérateurs de cloud. Vous voulez activer MySQL sur votre serveur Web hébergé ? Son opérateur lance le container correspondant et quelques secondes plus tard, votre base de données est en ligne. Vous voulez installer un WordPress en un clic ? Même chose : l'hébergeur installe tous les containers nécessaires et, en quelques secondes, l'ensemble est opérationnel. Enfin, chaque container peut être mis à jour indépendamment, déplacé d'un serveur à un autre, sans déstabiliser le reste de l'architecture.La technique des containers est ancienne, mais Docker change la donne en réussissant à rallier tous les acteurs du cloud et du logiciel. Google, qui avait développé sa propre technologie de containers pour les besoins de son Google Cloud Platform, s'est finalement rallié à Docker en 2014. Il propose désormais des machines virtuelles optimisées pour Docker et publie en open source Kubernetes, une plateforme de gestion de clusters pour Docker. IBM, HP, Red Hat, Microsoft et VMware ont également rejoint le projet par la suite.
Un cloud ouvert bâti sur des technologies open source
« Docker bouleverse plusieurs domaines, notamment le déploiement d'applications en intégration continue. Il permet également aux entreprises de mettre en place leur propre Cloud Paas, » souligne Régis Gaidot, architecte logiciel indépendant qui intervient auprès de nombreuses start-up. Par ailleurs, de plus en plus de fournisseurs cloud proposent Docker dans leurs offres. Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google, OVH ont déployé leurs premières offres d'hébergement de containers Docker en 2014.Pourquoi un tel engouement ? Parce qu'il ouvre la perspective d'un cloud commun, totalement ouvert et bâti sur des technologies pilotées par la communauté. En clair, la fin des cloud propriétaires où l'on est enfermé par son fournisseur. Docker a ainsi particulièrement soigné sa gouvernance. La communauté valorise la transparence et les contributions de ses membres. Un comité consultatif a même été défini pour veiller aux destinées du projet. Open source oblige, il n'y aucun frais ni coût caché, juste des développeurs travaillant dans un écosystème transparent.
Même VMWare et Microsoft l'ont adopté
Docker a aussi l'avantage d'être ouvert à d'autres plates-formes. A l'origine, la technologie avait été pensée pour les distributions Linux. Mais la flexibilité et l'agilité apportée par les containers pousse désormais Docker sur d'autres systèmes d'exploitation, et dans des environnements cloud basés sur OpenStack et Cloud Foundry. Même des adeptes des plateformes propriétaires comme VMWare ou Microsoft l'ont adopté. Un cercle vertueux qui tend à rendre Docker incontournable dans une architecture cloud.Après les développeurs, ce sont aujourd'hui les investisseurs de la Silicon Valley qui commencent à y croire. En septembre 2014, Docker parvenait à lever 40 millions de dollars notamment auprès du prestigieux fonds Sequoia. La start-up, qui avait déjà levé 15 millions de dollars un an auparavant, est aujourd'hui valorisée à 400 millions de dollars. Plus personne ne semble pouvoir freiner l'essor de Docker.
A lire également