Microsoft lève aujourd'hui le voile sur la version finale de son système d'exploitation à destination des serveurs. Disponible en version RTM dès ce soir auprès des canaux MSDN et Technet notamment, Windows Server 2012 reprend à son compte la plupart des avancées du noyau Windows 8. Le noyau et pas seulement puisque Windows Server 2012 étrenne également l'interface Modern UI, anciennement Metro, l'HyperV-V3, un nouveau Bitlocker, un Active Directory unifié avec Azure, PowerShell V3 et un système de licences simplifié à quatre versions.
Quatre grandes tendances de marché ont façonné Windows Server 2012, explique Jérôme Trédan, directeur des produits serveur chez Microsoft : le cloud computing, la consumérisation (bring your own device), les réseaux sociaux et l'explosion du volume des données (big data). Autant de points sur lesquels la firme de Redmond essaie de répondre avec son nouvel OS.
L'évolution la plus frappante est certainement du côté de la virtualisation. Avec l'HyperV-V3, Microsoft veut se replacer dans la course face à VMware qui a présenté sa suite vCloud 5.1 fin août. « Tout le monde ici sait qu'il n'est pas possible de concurrencer Microsoft sur le prix. Mais, il est possible de rivaliser avec Microsoft sur la valeur », déclarait un responsable de VMware récemment. En plus du prix, Microsoft entend faire le poids donc sur la « valeur ».
Capable de gérer jusqu'à 64 processeurs virtuels et 64 To (au format VHDX) sur une machine (comme vSphere 5.1), le dernier hyperviseur de Microsoft permet surtout le déplacement des machines virtuelles (VM) à chaud. Stanislas Quastana, architecte Infrastructure sur la plateforme serveur et la sécurité, indique qu'un administrateur sous Windows Server 2012 peut héberger et déplacer des VM sur un autre serveur, sans toucher au stockage. Alors que Server 2008 R2 demandait un arrêt de la machine pour déplacer une unité de stockage, Server 2012 peut le faire à chaud grâce à sa fonction « Storage Migration ».
Les trois quarts des serveurs x86 propulsés par Windows Server
Pendant le temps de la migration, la VM continue à fonctionner. Il est aussi possible de paralléliser plusieurs « Live Migrations ». Enfin, il est permis de cloner des VM sur un autre serveur puis exécuter les réplications dans un environnement isolé et sécurisé. L'HyperV-V3 met également en œuvre des commutateurs virtuels (Virtual Switch Extensible) afin d'optimiser les flux de données entre serveurs virtuels à l'échelle d'un datacenter. Une solution proposée par VMware depuis 2009.
En sus de la nouvelle interface Modern UI, Server 2012 inaugure la troisième version de l'interface en mode ligne de commande PowerShell. Celle-ci permet désormais de réaliser n'importe quelle opération d'administration, y compris la gestion de serveurs virtuels. Et pour les non-initiés au scripting, un système d'auto-complétion des 2 500 requêtes est proposé.
Concernant l'interface graphique de gestion des serveurs (Server Manager), elle s'exécute via une interface simplifiée proche de Modern UI. L'assistant propose de choisir le type d'installation, les roles (Application Server, DHCP Server, Remote Acces, HyperV...) puis le serveur cible.
Dans un marché mondial des serveurs en recul de près de 5% au dernier trimestre, et de 2% en France, Microsoft prévoit que 10 millions de serveurs verront le jour d'ici 2015 et 30 millions d'instances de virtualisation, suivant une croissance annuelle de 20%. Windows Server est le troisième produit de la firme de Redmond en termes de revenus (6 milliards de dollars), et équipe 75% des serveurs x86.
Seulement quatre éditions seront vendues, contre une douzaine pour Server 2008 R2. Les versions Standard et Datacenter sont disponibles ce soir à partir de respectivement 882 et 4 809 dollars. La différence majeure entre les deux est que la seconde propose un nombre illimité de VM, contre deux pour la première. Les éditions pour PME Essentials et Foundation ne seront commercialisées qu'à la fin de l'année.