C'est une guerre de robots-avocats contre robots-appelants qui s'annonce. La start-up américaine DoNotPay s'apprête à lancer un nouveau service nommé « Robo Revenge ». Celui-ci doit permettre, via une application, d'automatiser la poursuite de sociétés responsables de spam téléphonique.
Avec des tarifs allant jusqu'à 3 000 dollars, le service se charge en effet de rassembler les informations concernant le robot d'appel et de traduire en justice la société qui en est responsable.
Automatiser les poursuites
Le système est plutôt simple. Une fois qu'une personne a souscrit au service, l'entreprise la place automatiquement sur le registre américain des numéros de télécommunication exclus, ce qui rend illégal le fait de l'assaillir d'appels à caractère commercial. Lorsqu'une société démarche cette personne et lui demande ses coordonnées bancaires, celle-ci ne fournit pas les siennes, mais d'autres, générées par la société DoNotPay. La transaction qui s'ensuit permet à l'enseigne de collecter les coordonnées de l'interlocuteur, qui seront ensuite utilisées pour les démarches de dépôt judiciaire.Selon le fondateur et P.-D.G. de DoNotPay, Joshua Browder, Robo Revenge est destiné à inciter les entreprises à réduire l'activité des robocalls, qui génèrent chaque mois des milliards d'appels aux Etats-Unis. Selon lui, « toutes les grandes entreprises comme AT&T et Apple n'ont pas réussi à protéger les consommateurs ». Dans une déclaration à Vice, il ajoute que « la seule façon de résoudre le problème est que les appelants commencent à perdre de l'argent chaque fois qu'ils appellent quelqu'un ».
Beaucoup d'arnaques et un peu de télémarketing
Mais l'entreprise DoNotPay connaît elle aussi ses limites. Le dirigeant reconnaît lui-même que Robo Revenge restera impuissant face au plus grand problème de la lutte contre le spam téléphonique : les appels issus de l'étranger. Il admet : « Ces personnes, vous ne pouvez pas les poursuivre parce que vous ne savez même pas où elles se trouvent ». En revanche, le service a cela d'intéressant qu'il simplifie les démarches. L'ensemble n'est pas totalement automatisé - puisqu'il faut encore entrer les fausses coordonnées bancaires fournies par DoNotPay -, mais il incite le public à engager des démarches dont il aurait pu craindre la complexité.Comme le rappelle Capital, les initiatives fleurissent face aux robots d'appel alors que les Etats-Unis restent le pays le plus touché par les spams. La France, bien que moins touchée, fait à ce titre pression sur ses parlementaires.
La société YouMail, qui conçoit elle aussi un logiciel luttant contre ce fléau, a enregistré 4,7 milliards de ces appels uniquement sur le mois de mai dernier. Elle précise que deux milliards d'entre eux sont des arnaques visant à soutirer de l'argent ou des informations sensibles. 700 millions correspondent à du réel télémarketing, et sont donc légaux. Les deux milliards d'appels restant sont des rappels automatisés, pour une facture qu'il ne faudrait pas oublier de régler, par exemple.
Source : The Verge