Les applications Android trop curieuses aux yeux de la CNIL

Karyl AIT KACI ALI
Publié le 15 décembre 2014 à 19h04
Les résultats de l'étude Mobilitics réalisée par la CNIL et INRIA soulignent l'appétence des applications Android pour la localisation et l'identification de leurs utilisateurs. Le régulateur préconise donc aux géants du web de créer de nouveaux outils de contrôle pour permettre aux clients de reprendre la main sur leurs données.

« La localisation est la reine des données », affirme la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL) lors de sa conférence dédiée à la « 2e saison » de Mobilitics, son enquête sur les accès des applications mobiles aux données personnelles des utilisateurs. Lancée en 2011, l'étude a été menée par la CNIL et l'établissement d'étude dédié au numérique INRIA. Après un premier volet portant sur les applications iOS, les deux organismes se sont concentrés sur Android, et dressent des conclusions similaires.

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Comme sur iOS, la localisation est la donnée la plus collectée par les applications Android en termes de volume. En effet, 30% des accès aux données des utilisateurs concernent leur localisation. Un résultat « peu surprenant », nuance la CNIL avant d'ajouter que la fréquence de ces accès est bien plus intéressante. Car sur les 121 applications étudiées, seulement 24% accèdent à la géolocalisation des appareils. Mais lorsqu'elles le font, elles n'y vont pas de main morte.

Un grand appétit pour la localisation

En l'espace de trois mois de tests, certaines applications ont demandé l'accès aux données de localisation plusieurs centaines de milliers de fois. A titre d'exemple, Happn (le service de rencontre géolocalisées) le demande toutes les 2 secondes. Bien que les fonctionnalités proposées puissent expliquer le recours régulier à cette information, la CNIL et l'INRIA s'interrogent sur la nécessité d'une fréquence si importante, et n'ont toujours pas trouvé de réponse. Une application, que le régulateur ne nomme pas, a fait plus de 700 000 demandes en 3 mois, et une autre dépasse même le million. Pourtant, il ne s'agissait pas de services de navigation ou d'itinéraire.

La CNIL et INRIA ajoutent que certaines applications natives de l'OS de Google sont particulièrement gourmandes en informations personnelles. Le Play Store, magasin d'applications d'Android, a demandé plus de 1,6 million de fois en 3 mois l'accès à la localisation d'un des utilisateurs testé. De même, le widget Actualités et météo a accédé plus de 1,5 million de fois à cette même ressource.

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Les responsables de l'enquête précisent toutefois qu'il s'agit uniquement de demandes d'accès, et qu'ils ne savent pas si toutes les données collectées sont envoyées et utilisées. Quoi qu'il en soit, ces informations permettent de déduire les habitudes et les modes de vie des propriétaires de terminaux mobiles, selon des études de l'institut IRISA, du MIT et de l'Université catholique de Louvain. Ainsi, elles constituent de précieuses ressources pour affiner le ciblage des publicités, mode de financement privilégié des logiciels mobiles, ainsi que pour le marketing.

L'identification des utilisateurs

L'étude indique également que 34% des applications testées accèdent à l'Android ID (un identifiant unique de l'appareil) à des fins publicitaires, contre 46% pour l'UDID, son équivalent sous iOS. Ainsi, Google a décidé de créer l'Advertising ID, un identifiant dédié à la publicité que les utilisateurs peuvent désactiver pour limiter leur traçage. Mais encore faut-il savoir comment, car la fonctionnalité est difficile à trouver. Par ailleurs, désactiver l'Advertising ID n'empêche pas les développeurs d'utiliser les autres identifiants. Il faut donc compter sur leur bonne foi...




Il existe une multitude d'identifiants : l'Android ID, le numéro IMEI du téléphone, l'adresse MAC Wi-Fi (carte réseau) ou bien le SSID (la liste des points d'accès Wi-Fi), pour ne citer qu'eux. Les responsables de l'étude soulignent le caractère ouvert d'Android, et donc moins contrôlé « a priori », mais pourtant les conclusions sont les mêmes que pour iOS. Entre 50 et 60% des services accèdent à ce type d'information. Cela permet notamment de constituer des profils publicitaires afin d'affiner le ciblage et de le poursuivre sur tous les terminaux de l'utilisateur (téléphone, tablette, PC), ou dans le cas de l'adresse MAC Wi-Fi et du SSID, de trianguler la position des appareils.

Le régulateur et l'établissement de recherche recommandent donc à Google et Apple de renforcer la protection des données des utilisateurs, en instaurant de nouveaux outils pour leur permettre de mieux contrôler les informations qu'ils rendent accessibles. Par exemple, un tableau de bord explicitant les accès auxquels les applications ont droit, et offrant la possibilité de les restreindre. Quant aux développeurs, ils devraient privilégier une approche « privacy by design », c'est-à-dire le respect de la vie privée directement dans la conception des applications.



Pour en savoir plus :
Karyl AIT KACI ALI
Par Karyl AIT KACI ALI

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