Le gouvernement de Narendra Modi serait, selon HuffingtonPost India, en train de finaliser la création d'une base de données globale « à mise à jour automatique » qui permettrait de surveiller toutes les activités d'1,2 milliard d'habitants.
La base de données, appelée « Registre social national », doit être mise en service en 2021.
Suivi quotidien
Le journal affirme que « si les plans des bureaucrates et des conseillers de Modi se réalisent, ce système suivra automatiquement quand un citoyen se déplace entre les villes, change d'emploi, achète une nouvelle propriété, quand un membre d'une famille est né, décède ou se marie et déménage au domicile de leur conjoint. » Il ajoute : « L'interopérabilité des systèmes de bases de données modernes signifie qu'il n'y a pas de limite technique à l'étendue des données qui peuvent être collectées et indexées par cette base de données suprême. Lors d'une réunion le 4 octobre 2019, par exemple, un secrétaire spécial [...] a même proposé de géo-étiqueter chaque maison et de l'intégrer à Bhuvan, un portail géospatial en ligne développé par l'Indian Space Research Organisation (ISRO) ».Pour appuyer ses affirmations, le média affirme se baser sur des documents gouvernementaux obtenus par Srinivas Kodali, un chercheur en données et gouvernance de l'Internet. Celui-ci a eu recours à une loi du droit à l'information (RTI) pour obtenir ces documents dont il donne des copies numériques. Il suggère ainsi que la base de données, qui pourrait donc prendre la forme d'une unique base de données ou d'un ensemble de bases interconnectées, s'appuiera sur Aadhaar, la plus grande base de données biométriques au monde et l'enrichira de nouveaux types d'informations.
« Registre social »
Srinivas Kodali note également l'implication de la Banque Mondiale dans le projet, soulignant que celle-ci y a déjà investi 2 millions de dollars sous forme de subventions. Le chercheur, qui qualifie les motivations de la Banque Mondiale de « douteuses », affirme que celle-ci aurait déjà fait l'éloge d'Aadhar.The @WorldBank group interest to push identity and national registries is India is very dubious. They have invented random savings numbers to praise #Aadhaar. They are experimenting on the poor under guise of helping them while they push for surveillance. https://t.co/nEu7bIqHpr
— Srinivas Kodali (@digitaldutta) March 17, 2020
La nouvelle base de données, qui portera le nom de « Registre social national », ne date pourtant pas d'hier. Cela fait désormais cinq ans que l'Inde travaillerait sur ce projet devant être lancé en 2021 et censé notamment, selon le HuffPost India, « prévenir l'utilisation abusive des régimes gouvernementaux en faveur des pauvres en s'assurant que les avantages et les droits atteignent les bonnes personnes ». Une action louable, mais qui pose des questions relatives à la vie privée.
En 2018, la cour suprême indienne a statué qu'Aadhar ne violait pas la vie privée des citoyens indiens, tout en affirmant que son utilisation ne devait pas être l'affaire d'acteurs privés. Avec le développement d'un vaste programme de reconnaissance faciale similaire à celui de la Chine, l'Inde, le second pays le plus peuplé au monde, est déjà sous le feu des critiques.
Source : Huffington Post