Ces dernières années, les diverses tendances du web ont transformé les médias, qu'il s'agisse des contenus sur papier, en ligne ou diffusés à la télévision. A l'occasion du salon LeWeb, quatre représentants de cette industrie se sont interrogés sur les enjeux et les opportunités dans les domaines du web social, local et mobile.
Les médias d'aujourd'hui
Paul-François Fournier, vice-président du département Technocentre chez Orange, ne perçoit pas sa société comme un véritable média mais plutôt comme un accélérateur d'adoption en diffusant ce contenu auprès du plus grand nombre. Il rappelle ainsi les partenariats signés avec DailyMotion, Deezer et plus récemment Evernote. Bruno Patino, directeur de la stratégie au sein du groupe France Télévisions, estime pour sa part que les médias d'aujourd'hui n'ont pas véritablement changé contrairement aux habitudes des consommateurs. Il reviendrait alors aux chaines télévisées et aux quotidiens de s'adapter à cette nouvelle audience.
Brad Garlinghouse, président des divisions Consumer Applications et Commerce Group chez AOL, explique vouloir défier les médias traditionnels, une initiative qui passe par le rachat de divers magazines, de Engadget à Techcrunch en passant par le Huffington Post. Enfin Gabe Rivera, fondateur et PDG de TechMeme, déclare qu'à l'heure actuelle le terme "média" est peut-être un peu trop utilisé pour décrire divers types de contenu : « Twitter n'est pas un média, c'est davantage un outil d'amplification reprenant les actualités existantes sur de véritable médias ».
Médias & web social : trouver un juste équilibre
Le web social a changé la donne à plusieurs niveaux et selon M. Patino, l'audience télévisée n'est plus simplement passive devant un programe mais souhaite échanger à propos de ce dernier sur divers réseaux communautaires. La télévision doit donc trouver de nouvelles manières de présenter ses émissions. Il ajoute par ailleurs : « nous ne voulons plus simplement recevoir des actualités, cela n'existe plus, nous voulons aller plus loin ». Chez AOL, l'on s'interroge sur les manières dont il possible de tirer parti des réseaux communautaires afin de présenter à l'internaute les actualités qu'il souhaite véritablement lire.
Le fondateur de TechMeme se montre pour sa part relativement sceptique sur les implementations actuelles mélangeant actualités et réseaux communautaires. Il prend Reddit comme exemple de service privilégiant les internautes via un système de commentaires élaboré. Chez Orange, l'on se montre optimiste « nous sommes dans une période où tout le monde essaie de comprendre ce qu'il se passe », déclare Paul-François Fournier, et d'ajouter : « il arrivera un moment où nous trouverons le juste équilibre ».
Médias & web local : trouver un modèle économique
L'une des autres problématiques soulevées par ce panel est de savoir la meilleure manière de donner un nouveau souffle aux médias locaux. Brad Garlinghouse rappelle qu'AOL a investi plus d'un million de dollars au sein de Patch.org en 2009. Cette initiative s'est traduite par la création de plus de 900 sites d'actualités locales couvrant des régions entre 2000 et 10 000 habitants. Le coeur du problème vise à monétiser ce type de contenu et AOL avoue ne pas savoir exactement les revenus qui découleront de cette première expérience. Pour Bruno Patino, de France Télévision, il s'agit de savoir la manière dont l'actualité locale peut être présentée et mise en valeur, une opinion qui semble partagée par Gabe Rivera. M. Patino ajoute cependant : « je n'ai absolument aucune idée dont le contenu local pourrait être monétisé ». Malgré ce scepticisme, M. Garlinghouse perçoit pourtant un véritable intérêt : « les parents s'intéressent réellement aux conseils régionaux, à l'actualité d'un établissement scolaire ou aux résultats d'une équipe de football universitaire. La question est de savoir si nous pouvons déployer cela à grande échelle ».
Médias & web mobile : trouver de nouveaux usages
Enfin les médias semblent fins prêts à surfer sur la croissance de smartphone. Chez France Télévisions, le mobile est perçu comme une « extension à la télévision » avec des fonctionnalités de rattrapage et de partage. M. Garlinghouse soulève tout de même certains problèmes : « A mon arrivée sur Paris, j'ai lancé l'application CNN pour consulter les actualités, mais je n'avais aucun contenu local ». Il semble donc qu'il y ait des opportunités d'évolution en s'appuyant sur la géo-localisation du mobinaute pour lui retourner des articles plus ciblés selon ses affinités mais également ses positions géographiques.
Au travers de ces discussions il semble alors évident que les nouvelles technologies ont amorcé un profond bouleversement des médias. Reste à savoir lesquels d'entre eux sauront le plus rapidement s'adapter aux besoins des consommateurs.