« Je ne suis pas Tim Cook et je n'ai pas l'ambition de transformer les agences de Pôle Emploi en Apple Store. » En lançant l'Emploi Store, Jean Bassères, patron de Pôle emploi, n'entend pas faire de l'ombre aux géants du web. Il cherche plus concrètement à apporter de nouveaux services en ligne aux personnes en recherche d'emploi. Notamment aux plus autonomes, « ce qui libérera du temps aux conseillers de Pôle emploi pour les autres. »
Sur cet « App Store » de Pole Emploi, on accède donc à une centaine d'applications mobiles, de MOOCs, de serious games et autres modules e-learning, depuis un ordinateur, un smartphone ou une tablette. Ces services gratuits sont organisés autour de quatre thématiques : « Trouver un emploi », « Se former », « Construire son projet professionnel », et « Préparer sa candidature ». Vingt-trois d'entre eux ont été développés par Pôle emploi, 55 par des partenaires tels que les plateformes d'Open ClassRooms et MOOCs Fun ou des job boards comme Keljob ou Jobijoba.
Dans le lot, on trouve quelques modules originaux comme des simulateurs d'entretiens de recrutement qui placent dans la peau d'un candidat (vidéo ci-dessous). Dans celui d'Allianz, par exemple, si l'on atteint un score supérieur à 80/100, il sera possible de laisser son CV à la DRH de l'assureur.
De son côté, une SSII propose une application qui permet de consulter ses offres d'emploi sur la base de critères locaux tels que le profil des habitants, la densité démographique, le salaire moyen de la région et même les conditions climatiques.
Un Emploi Store pour les entreprises en 2016
L'offre est appelée à s'enrichir. Dans un espace dédié aux développeurs et aux start-up, Pôle emploi ouvre ses données telles que le code ROME (nomenclature des métiers) ou les statistiques du marché du travail afin qu'ils puissent imaginer de nouvelles applications. En septembre, les particuliers pourront aussi soumettre leurs propositions sur « Emploi Store Idées » et voter pour celles déjà publiées.En 2016, les entreprises auront aussi leur Emploi Store. Avec des services facilitant le dépôt des offres d'emploi, la recherche de candidats ou l'aide au processus du recrutement -- de la sélection du candidat jusqu'à la signature du contrat de travail. De quoi simplifier les procédures dans les PME ne disposant pas d'un service ressources humaines.
Mais Emploi Store n'est qu'une étape dans le plan de transformation numérique de Pôle emploi. Depuis deux ans, le portail pole-emploi.fr aux 20 millions de visiteurs mensuels a progressivement agrégé les offres d'une soixantaine de job boards dont Régions job, Keljob, StepStone, Meteojob, Jobijoba et Qapa. Ce qui lui permet d'afficher un total de 400 0000 d'annonces dont 281 000 déposées par ces partenaires.
Trente mille demandeurs d'emploi bénéficient, par ailleurs, d'un accompagnement 100 % web. Avec ce dispositif basé sur le volontariat, les entretiens et les contacts avec Pôle Emploi se font par téléphone, visioconférence, courriel ou messagerie instantanée.
Le ministre du travail aimerait un Wikipedia des métiers
François Rebsamen, ministre du Travail et de l'Emploi.
Présent à l'inauguration d'Emploi Store au Numa, le temple du numérique parisien, le ministre du Travail et de l'Emploi, François Rebsamen, en a profité pour rappeler les contours du plan Numérique Emploi Travail (Net) que son administration devrait concrétiser dans les prochains mois.
Il veut tout d'abord ouvrir « la plus grande plateforme de MOOCs de France », qui rassemblera un bouquet de certifications aux métiers du numérique. Son accès sera gratuit pour les demandeurs d'emploi, financé notamment par le compte personnel de formation (CPF). L'objectif : se former au numérique par le numérique.
Pour inciter les employeurs à recourir à l'apprentissage, les procédures seront dématérialisées. Ils auront aussi à leur disposition une bourse d'apprentissage géolocalisée et des simulateurs d'aides et de coûts. François Rebsamen veut aussi lancer « un Wikipedia des métiers » afin de permettre aux professionnels de décrire eux-mêmes les compétences et les métiers qu'ils exercent. Une manière de compléter le code ROME qui a du mal à suivre ces évolutions.
Le ministre veut également faciliter la rencontre entre l'offre et la demande sur le marché de l'emploi en s'appuyant sur l'analyse prédictive. D'où le soutien de start-up sur ce créneau comme Multiposting ou MindMatcher. Il a, enfin, confié à Bruno Mettling, DRH d'Orange, un rapport sur les impacts du numérique sur le travail.