Les États-Unis, à l'origine de la demande d'extradition, conservent la possibilité de faire appel de la décision britannique.
La décision de la justice britannique sur le sort de Julian Assange était extrêmement attendue. Le fondateur de WikiLeaks, qui était soumis à une demande d'extradition vers les États-Unis pour espionnage, ne sera pas transféré outre-Atlantique. La cour criminelle de l'Old Bailey, qui siège à Londres, a refusé l'extradition du lanceur d'alerte australien, officiellement pour des raisons de santé. La justice américaine entend faire appel.
La justice britannique donne raison aux USA sur le fond…
Julian Assange ne sera pas extradé vers les États-Unis, et la raison en étonnera certains, car elle n'est en effet pas légale, mais liée à la santé psychique du fondateur de WikiLeaks, qui avait publié des centaines de milliers de documents confidentiels en 2010.
Assange, aujourd'hui âgé de 49 ans, est pour beaucoup devenu un symbole pour la liberté d'information. Accusé d'espionnage et de piratage de terminaux gouvernementaux, il avait échappé aux poursuites sous la présidence de Barack Obama (et la vice-présidence d'un certain Joe Biden, qui l'avait qualifié de « terroriste high-tech » il y a dix ans). Donald Trump, lui, a engagé des poursuites avec comme point d'orgue la demande d'extradition. En attendant, il est détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres.
La juge de district, Vanessa Baraitser, a approuvé la plupart des arguments avancés par le gouvernement américain, au terme d'un procès démarré au début du mois de septembre dernier. Elle affirme qu'il existe bien des motifs pour lesquels Julian Assange, qui risque 175 ans de prison aux États-Unis, doit être poursuivi, et que ce dernier a bien fait appel à des hackers pour publier des informations secrètes et hautement dangereuses, outre les révélations de crimes de guerre.
… mais dénonce des conditions brutales d'incarcération
Pour motiver le refus d'extradition, la juge britannique a donc accédé à l'argument de la fragilité mentale de Julian Assange, qui vivrait dans le désespoir permanent et aurait des tendances suicidaires, alors qu'il est en prison depuis avril 2019. Elle indique par ailleurs que le journaliste, en étant hypothétiquement emprisonné aux États-Unis, serait détenu dans des conditions beaucoup trop drastiques.
Selon elle, le système carcéral américain est trop inhumain pour permettre un transfert. « Je trouve que l'état mental de monsieur Assange est tel qu'il serait oppressant de l'extrader vers les USA », a-t-elle indiqué.
Les avocats de l'Australien font valoir, eux, que les conditions de détention actuelles d'Assange sont déjà difficiles. Ils tentent de fournir des garanties qu'il ne s'enfuira pas en cas de libération. La juge a ainsi fixé une audience de remise en liberté sous caution à mercredi. Sa compagne et avocate, Stella Morris, a réagi aux questions des journalistes qui l'attendaient devant le tribunal, affirmant « qu'aujourd'hui marque le premier pas vers la justice dans cette affaire ».
Le département de la justice des États-Unis, qui a le pouvoir d'arrêter les poursuites, dispose aussi de la possibilité de faire appel. On ignore encore si un appel (qui pour l'instant est plus que probable, les USA ayant obtenu raison sur le fond de l'affaire) maintiendra Julian Assange en détention. Habituellement au Royaume-Uni, l'appel ne suspend pas l'incarcération.
Source : The Guardian