Jean-Ludovic Silicani, le président de l'Arcep pose les bases : explosion de la demande de service en matière de mobiles, limitation du P2P ou de la VoIP, les accrocs sont nombreux pour estimer que les réseaux sont dénués de tout contrôle privé voire étatique. Selon le responsable, deux pratiques doivent être évitées. L'absence totale de gestion de trafic mais aussi une liberté totale dans ces pratiques seraient contraires à l'esprit d'Internet. Les esprits s'échauffent.
Plusieurs thèmes sont donc au cœur du sujet. Tout d'abord, l'opposition Europe-Etats-Unis. Yves Gassot, directeur général de l'Idate s'inquiète de « la concentration des grandes sociétés américaines sur ce secteur. La régulation des réseaux doit aussi prendre en compte le fait que ces grandes firmes Google, Apple, Facebook sont américaines et non européenne ». Signe que si deux visions ne peuvent que s'opposer entre d'un côté des sociétés qui mettent en avant leur force économique et de l'autre des régulations européennes attentives au respect de leur régulation étatique et communautaire.
Tarik Krim, fondateur de Netvibes estime que les deux principales attaques à la neutralité des réseaux sont les OS qui « s'arrogent des pouvoirs ». Il met en cause une « Term of servicisation de l'Internet » c'est-à-dire que les conditions commerciales des opérateurs ou des sites prennent le pas sur le reste du Web. Des barrières existent donc avec d'un côté des OS fermés qui brident certaines technologies (Apple et le Flash par exemple), et de l'autre certains sites qui décident par eux mêmes d'ajouter, à leur rythme, une dose de régulation.
Autre opposition entre Europe et Etats-Unis, celle de la fibre et du sans-fil. Thimothy Wu, professeur à l'Université de Columbia, estime que l'approche américaine s'appuie sur le sans fil alors que la fibre se développe en Europe. Il saisit un iPad et lance « Regardez l'iPad par exemple. Cela peut être une clé pour l'avenir. »
Cette journée de débat commence donc par poser les bases de la discussion. Nul doute que les 6 experts nommés par le secrétariat d'Etat à l'Economie numérique, dirigé par Nathalie Kosciuzko-Morizet s'intéresse aux observations des spécialistes puisque deux de ses experts sont présents dans la salle... Pour autant, chacun peut suivre les débats en vidéo à cette adresse jusqu'à 18h15. Même Clubic écoute attentivement.