La Cour suprême populaire de Chine fait un pas dans le sens des ouvriers et employés chinois en estimant désormais illégal le « 996 ». Cette pratique consiste à encourager, au travers d'heures supplémentaires, des horaires de travail s'étirant de 9 h du matin à 9 h du soir, six jours par semaine.
Courante dans les usines tech chinoises, cette pratique controversée devrait progressivement être remplacée par des heures supplémentaires plus encadrées d'un point de vue législatif. On apprend notamment de Reuters que la Cour suprême de Chine, mais aussi le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale ont publié jeudi dernier de nouvelles lignes directrices en la matière.
Une forme de pression morale exercée sur les employés
Comme l'explique Reuters, si les autorités chinoises se sont basées sur le cas d'une entreprise de livraisons pour démontrer en quoi la technique du 996 est illégale, cette dernière s'étend malheureusement à une foule de structures en Chine, au point de faire presque partie des mentalités. On apprend par exemple que dans certaines structures les employés acceptant de se soumettre à de tels horaires sont érigés en modèles. Une manière aussi de déprécier ceux qui, au contraire, rechignent à les accepter.
Très controversé d'un point de vue humain, le 996 bénéficie pourtant à l'économie chinoise et à sa compétitivité, notamment face aux États-Unis, soulignait récemment le Britannique Michael Moritz, investisseur en capital risque pour Sequoia Capital et ancien membre du conseil d'administration de Google. Le débat public chinois, qui ciblait cette pratique depuis près de deux ans, a toutefois eu pour effet de la remettre en cause. En particulier à l'égard de l'industrie technologique.
BiteDance montre l'exemple
Le mois dernier, en amont des mesures prises par les autorités, le géant chinois ByteDance, maison-mère de TikTok, avait pour sa part indiqué qu'il cessait à compter du 1er août sa politique d'heures supplémentaires pour le week-end. Une décision qui intervenait deux semaines après que son rival Kuaishou, lui aussi spécialisé dans le partage de vidéos courtes, a annoncé des mesures similaires.
Si quelques grands groupes chinois montrent la voie et que le reste de l'industrie chinoise met fin à ces heures supplémentaires abusives, on peut raisonnablement penser que la perte de productivité qui en découlera profitera aux rivaux de la Chine sur le terrain de production technologique. On pense notamment à des acteurs comme l'Inde, la Thaïlande ou le Vietnam, qui ont déjà su tirer parti ces dernières années des tensions économiques observées entre les États-Unis et la Chine.
Source : Reuters