La commission a ouvert une enquête et pourrait condamner Eric Zemmour pour ce démarchage réalisé selon la religion des destinataires.
De nombreux citoyens ont eu la surprise de recevoir sur leur téléphone portable un message d'Eric Zemmour quelques heures à peine avant la fin de la campagne du premier tour de l'élection présidentielle.
Un démarchage douteux qui alerte la CNIL
Les équipes du candidat d'extrême-droite ont plus précisément ciblé des individus de confession juive. Dans le message, un lien renvoyait vers un texte d'Eric Zemmour dénonçant « l'explosion » des actes antisémites en lien avec « l'expansion de l'Islam » en France, l'obsession du polémiste.
Ce démarchage réalisé en fonction de la religion est pourtant une pratique illégale. Pour sa défense, le staff du candidat Reconquête a expliqué n'avoir à aucun moment monté une base de données de personnes juives et dit s'être appuyé sur les services d'un data broker, un courtier en données personnelles, pour recueillir une liste de personnes ayant un intérêt pour le sujet de l'antisémitisme. Ces données auraient été puisées dans des « blogs, des sites d’information ou des newsletters ».
Les équipes d'Eric Zemmour affirment également que le data broker a reçu le consentement explicite de ces différentes personnes afin que leurs données soient partagées à des fins politiques.
Eric Zemmour est habitué à flirter avec la ligne jaune pour relancer sa campagne
Manifestement, bon nombre des personnes contactées n'étaient pas averties et ont manifesté leur désaccord en signalant ces pratiques à la CNIL, qui a annoncé aujourd'hui avoir ouvert une instruction à ce sujet.
La constitution d'une liste d'individus en fonction de leur confession religieuse et son exploitation sont strictement interdits par le droit français. Éric Zemmour risque ainsi une amende de 20 millions d'euros, ainsi que cinq ans de prison si l'autorité réussit à prouver l'établissement d'un fichier par son parti Reconquête. L'utilisation seule d'une telle base de données pourrait également être sanctionnée.
Cette nouvelle affaire rejoint une longue liste de pratiques douteuses de la part des équipes du polémiste d'extrême-droite. En décembre 2021, la vidéo d'annonce de sa candidature était truffée d'images et d'extraits pour lesquels ses équipes n'avaient pas payé les droits d'utilisation. Éric Zemmour a été condamné pour « contrefaçon de droits d'auteur » à verser 70 000 € aux plaignants. Il a fait appel de cette décision.
Éric Zemmour a également envoyé sur Telegram les résultats d'un sondage le plaçant en tête du premier tour de l'élection présidentielle. Ce sondage, réalisé via l'application Qotmii, se basait sur le buzz médiatique et « ne constitue pas des enquêtes statistiques par l’interrogation d’un échantillon » selon la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle et la commission des sondages. Les institutions ont demandé dans le même temps aux médias de ne pas relayer ces résultats qui ne répondent à aucune méthodologie.
Pour rappel, Éric Zemmour a terminé en quatrième position du premier tour avec 7,07 % des suffrages exprimés.
Source : BFMTV