C'est au-dessus d'un point de contrôle de la ville palestinienne d'Hébron que l'armée israélienne a installé un nouveau système de dispersion des foules.
Capable de tirer des grenades paralysantes, des gaz lacrymogènes et des balles ressemblant aux Flash-Ball, la tourelle est dotée d'une IA conçue selon la doctrine « One Shot-One Hit ».
« Une transition du contrôle humain au contrôle technologique »
Le système est conçu par Smart Shooter, une entreprise de défense israélienne qui travaille sur des projets d'armes autonomes et semi-autonomes. L'entreprise s'est fait remarquer pour avoir conçu un accessoire à ajouter sur des fusils d'assaut, assisté par une IA. Aidant le soldat à atteindre sa cible, voire à surmonter une éventuelle incapacité ou un refus de tirer, ce dispositif viserait avant tout à limiter les accidents collatéraux. La tourelle installée à Hébron, encore en phase de test, aurait des caractéristiques similaires.
Issa Amro, un militant des droits de l'Homme d'Hébron, explique :
« Ce système a été placé au centre d'une zone très peuplée, des centaines de personnes passent par là. Toute défaillance de cette technologie pourrait avoir un impact sur de nombreux individus. Je vois cela comme faisant partie d'une transition du contrôle humain au contrôle technologique. La population palestinienne est devenue un objet d'expérimentation et de formation pour l'industrie militaire israélienne de haute technologie. »
Israël, pionnière des systèmes automatisés à des fins militaires
Hébron a été l'une des premières villes utilisant un système qui permet aux autorités israéliennes d'identifier une personne avant même qu'elle n'ait franchi un poste de contrôle. Appelé Blue Wolf, le dispositif contient les informations personnelles de la population : identité, âge, sexe, adresse, numéros des plaques d'immatriculation, liens sociaux, statut professionnel en Israël, ainsi que les impressions négatives des soldats sur le comportement d'une personne lorsqu'ils la rencontrent.
Israël a démontré son expertise dans le domaine des armes autonomes, avec, entre autres, son « Dôme de Fer » capable à tout moment de déjouer des tirs de missiles. Dans le même temps, le pays utilise depuis 2018 des drones et des tourelles télécommandées contre des civils, parfois de manière létale. Entre des systèmes en mesure d'identifier n'importe quel individu à la volée et des armes télécommandées, les événements d'Hébron révèlent qu'il n'y aurait qu'un faux pas à franchir pour atteindre une nouvelle ligne rouge. D'autant qu'à ce jour, l'ONU n'a pas mis en place de législation établissant la primauté du contrôle humain sur l'intelligence artificielle dans l'utilisation d'armes létales autonomes.
Source : Vice