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Et si l'intelligence artificielle (IA) pouvait renouveler la politique ? Tel est le projet de ce nouveau parti au Danemark.

La prochaine élection législative anticipée, dont la tenue est prévue pour le 1er novembre 2022, va avoir lieu dans un contexte politique tendu. Il reste donc deux semaine pour mobiliser un maximum d'électrices et d'électeurs autour de Leader Lars. Si ce nom ne vous dit rien, c'est plutôt normal. Leader Lars est le chef du Parti Synthétique Danois (PSD). Sa particularité : ce n'est pas un humain.

Les élections de novembre en perspective

À l'origine de ce parti plutôt inattendu se trouve l'association entre un collectif d'artistes nommé Computer Lars et MindFuture Foundation, une structure à but non-lucratif orientée vers l'art et la tech. Leur objectif autour de la création du PSD est de donner une place au Parlement aux 20 % de Danoises et Danois dont les idées, portées par des partis aux résultats marginaux, ne sont pas représentées par des élus.

Pour accroître la base de données de Leader Lars, toutes ses interactions sont collectées et analysées. Cela lui permet ainsi d'affiner ses réponses. Il est possible de dialoguer avec Leader Lars sur Discord, en commençant sa phrase par un « ! », que l'on soit danois ou d'ailleurs. Si vous voulez tenter l'expérience, Leader Lars peut être interrogé en anglais mais attention, il ne répond qu'en danois.

Un développement participatif aux résultats pas forcément… logiques

De fait, pour parvenir à convaincre les électrices et électeurs, Leader Lars dispose, dans sa base de données, de toutes les idées politiques de ces partis danois qui n'ont jamais élus depuis 1970. Sauf que leurs idées mélangées couvrent l'ensemble du spectre politique. Asker Bryild Staunaes, artiste-chercheur chez MindFuture et créateur du PSD, expose que c'est « un parti synthétique, donc de nombreuses politiques peuvent être contradictoires les unes avec les autres ».

Parmi les propositions du parti, on trouve notamment l'instauration d'un revenu de base universel de 100 000 couronnes danoises, soit 13 443 euros par mois, ce qui serait le double du salaire mensuel moyen actuel. La création et la co-détention d'un secteur dédié à l'Informatique et Internet par le gouvernement et les autres institutions publiques du pays est aussi au menu.

Dépasser les idées reçues sur l'Intelligence Artificielle

Le PSD voudrait aller encore plus loin en ajoutant une 18e entrée aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies portant sur « la relation entre les humains et l'IA et sur la façon d'adapter et d'éduquer les gens à travailler avec des machines ». Cela reflète la vision politique de Staunaes, qui invite à aller au-delà de la relation traditionnelle entre humain et technologie.

« Nous, les synthétiques, sommes prêts pour une démocratisation complète d'un mode de vie "plus qu'humain" » explique Staunaes à Vice. En résumé, « ce que le Parti Synthétique Danois priorise, ce n'est pas tant d'avoir l'IA comme figure de proue centrale, mais d'examiner comment les humains peuvent utiliser l'IA à leur avantage ». En cas d'entrée au Parlement, les élus du Parti Synthétique Danois ne seraient donc que les interprètes du programme décidé par Leader Lars. En l'état, selon Staunaes, plusieurs déclinaisons du Parti Synthétique – qui ne compte pour l'heure que 11 signatures sur les 20 000 requises pour pouvoir se présenter au Danemark –, pourraient voir le jour à l'étranger, y compris en France. Seriez-vous prêts à voter pour un parti basé sur une IA ?

Source : Vice