Un pas de plus vers l'AI Act ? © Unsplash
Un pas de plus vers l'AI Act ? © Unsplash

Le Pacte de l'UE sur l'intelligence artificielle vient de recueillir ses premières signatures, avec plus d'une centaine d'entreprises technologiques prêtes à s'engager. Cependant, deux poids lourds du secteur, Meta et Apple, brillent par leur absence dans cette initiative visant à préparer le terrain avant l'entrée en vigueur de l'AI Act.

Alors, le Pacte de l'UE sur l'IA est-il un coup d'épée dans l'eau sans la participation de Meta et Apple ? Pas forcément. C'est un premier pas encourageant vers une IA plus responsable, même s'il faudra attendre l'application effective de l'AI Act pour mesurer son impact réel.

Un pacte pour une IA éthique et responsable

La Commission européenne a dévoilé mercredi 25 septembre la liste des 115 premiers signataires du Pacte de l'UE sur l'IA, une alliance volontaire destinée à encourager les entreprises à adopter les principes de l'AI Act avant même son application officielle. Parmi les adhérents, on retrouve des géants comme Microsoft, Amazon, Google, IBM, mais aussi des acteurs européens tels que SAP, Orange ou OVHcloud.

L'objectif de ce pacte est d'inciter les entreprises à s'engager sur au moins trois actions clés : définir une stratégie de gouvernance de l'IA, cartographier les systèmes d'IA à haut risque et promouvoir la maîtrise de l'IA auprès de leurs employés. Plus de la moitié des signataires ont même souscrit à des engagements supplémentaires, comme assurer une supervision humaine, atténuer les risques ou étiqueter de manière transparente les contenus générés par l'IA, tels que les deepfakes.

Cette initiative s'inscrit dans la volonté de l'UE de réguler le développement de l'IA, avec l'AI Act comme pierre angulaire. Ce règlement, le premier du genre au monde, vise à encadrer les modèles d'IA en fonction des risques qu'ils présentent. Adopté en mai dernier, il entrera pleinement en application en août 2026, mais la Commission souhaite préparer le terrain en amont avec ce pacte volontaire.

Les grands absents : Meta et Apple

Si le Pacte de l'UE sur l'IA a réussi à fédérer de nombreux acteurs du secteur, deux géants technologiques manquent à l'appel : Meta et Apple. Leur absence a été remarquée lors de la présentation officielle des signataires à Bruxelles. Meta, la maison mère de Facebook et d'Instagram, a expliqué que l'incertitude entourant la réglementation européenne sur l'IA l'empêchait pour l'instant de rejoindre le pacte, même si une adhésion future n'est pas exclue. Le groupe a également critiqué l'approche « incohérente » de l'UE en matière de régulation, qui a retardé le lancement de certains de ses produits d'IA en Europe.

Quant à Apple, la firme à la pomme n'a pas commenté publiquement sa décision de ne pas signer le pacte. Mais cette réticence pourrait s'expliquer par la volonté d'Apple de garder le contrôle sur ses technologies d'IA, comme Siri, sans avoir à se plier à des engagements externes. D'autres acteurs notables, comme la start-up française Mistral ou la plateforme TikTok, n'ont pas non plus adhéré à l'initiative pour le moment.

Mais au-delà de ces défections, c'est l'absence remarquée de Thierry Breton, l'ex-commissaire européen en charge du marché intérieur et grand artisan de l'AI Act, qui sème le doute sur la capacité de cette loi à arriver à maturité. Sa démission et son absence logique à la cérémonie de signature du pacte ont été interprétées comme un signe de fragilité du projet de régulation européen.

Certains observateurs pointent les divergences persistantes entre États membres et institutions européennes sur des points clés de l'AI Act, comme le champ d'application ou les obligations pour les systèmes d'IA à haut risque. D'autres soulignent la pression des lobbys et les craintes d'une perte de compétitivité face aux géants américains et chinois de l'IA.

Tout porte à croire que monsieur Breton ne sera plus de la partie pour l'AI Act © Shutterstock

Un premier pas vers l'AI Act malgré les incertitudes

Malgré ces zones d'ombre, le Pacte de l'UE sur l'IA marque une étape importante dans la préparation de l'écosystème européen à la future réglementation. Il témoigne de la volonté de nombreuses entreprises de s'engager dans une voie plus éthique et responsable pour le développement de l'IA. Bien sûr, ce pacte reste une démarche volontaire, sans contrainte légale. Mais il pose les bases d'une collaboration renforcée entre l'industrie, la société civile et les institutions européennes, en attendant l'entrée en vigueur de l'AI Act.

Les ateliers organisés par le Bureau de l'IA de la Commission permettront aux signataires de partager leurs idées et leurs bonnes pratiques. L'enjeu est de taille pour l'Europe, qui cherche à se positionner comme un leader mondial de l'IA éthique, face à la Chine et aux États-Unis. Avec l'AI Act et ce pacte préparatoire, l'UE espère créer un cadre propice à l'innovation tout en protégeant les droits fondamentaux des citoyens. Un défi ambitieux, qui nécessitera l'adhésion du plus grand nombre d'acteurs possible.

Source : TechCrunch