Cinq ans après l'affaire des « Caricatures de Mahomet », l'annonce, lundi, de la sortie d'un numéro spécial de Charlie Hebdo consacré à la victoire du parti Ennahdha en Tunisie avait déjà suscité de nombreuses réactions, parfois très virulentes, sur les réseaux sociaux. Les attaques sont montées d'un cran dans la nuit de mardi à mercredi : tandis que selon la police, un cocktail Molotov a été utilisé pour incendier le siège parisien de l'hebdomadaire, son site Web a fait l'objet d'un « défaçage » en règle.
Le contenu du site avait alors été remplacé par une photo de la Mecque et un extrait du Coran (capture d'écran Rue89). Mercredi matin, l'équipe de Charlie avait repris le contrôle du site, mais les contenus en sont toujours inaccessibles. L'hebdo, bouclé avant l'incendie des locaux, a quant à lui trouvé le chemin des kiosques.
Rebaptisé Charia Hebdo (la Charia est le principe qui codifie les aspects, publics ou privés, de la vie d'un musulman), ce numéro spécial présente en Une un Mahomet rigolard, bombardé rédacteur en chef d'un jour, et menaçant : « 100 coups de fouet si vous n'êtes pas morts de rire ».
Interrogé sur la radio Le Mouv ainsi que sur i-Télé mercredi matin, Stéphane Charbonnier dit Charb, directeur de publication, a confirmé des dégâts très importants, mais assuré que tous les moyens seraient mis en oeuvre pour qu'un nouveau numéro de Charlie paraisse comme prévu mercredi prochain.
« Quand on traite de Nicolas Sarkozy, personne ne le dit, parce que c'est notre métier d'aller trop loin. Il y a un traitement particulier qui doit être réservé à l'Islam et ce n'est pas normal du tout ! Les musulmans radicaux en France représentent peu de gens, en plus on a à faire à une minorité qui croit parler au nom de l'islam mais c'est surtout au nom de la connerie ! », a-t-il affirmé sur i-Télé.
« S'il y a des sujets interdits à traiter en France, il va falloir qu'on nous le dise », a-t-il encore déclaré. En 2006, Charlie Hebdo avait été poursuivi par plusieurs organisations de défense de l'islam suite à la reproduction de deux des douze caricatures de Mahomet initialement publiées par un journal danois. Le procès avait alors abouti à la relaxe.