On a connu aéropage moins prestigieux pour une inauguration... mardi matin, ce ne sont pas moins de deux ministres (Eric Besson et Frédéric Mitterrand) et un chef d'Etat qui s'étaient déplacés pour l'inauguration des nouveaux locaux de Google en France, installés rue de Londres, en plein coeur de Paris. Objet d'un investissement de 100 millions d'euros, cet ancien hôtel particulier de 10 000 mètres carrés redécoré à la façon décontractée chère au moteur de recherche, accueillera dans un premier temps 350 salariés.
Un an après avoir promis à Nicolas Sarkozy que sa société intensifierait ses investissements en France, Eric Schmidt, patron de Google, était lui aussi à Paris pour souligner l'importance que revêtait la France à ses yeux. La communication développée par Google autour de l'évènement insiste d'ailleurs lourdement sur ce point : on y parle de « pays majeur », d'« engagement sur le long terme », et de « volonté de contribuer activement au développement économique, social et culturel » de l'Hexagone.
Point d'orgue de cette inauguration, après la visite guidée en bonne et due forme des locaux : un échange d'environ une heure, entre Nicolas Sarkozy et les entrepreneurs du Net. « Pourquoi en tant que président français, je viens chez Google ? C'est du lourd ! C'était pas évident. Comme vous le savez, j'admire beaucoup la vitalité américaine, j'aime ce concept où quelles que soient vos origines, tout est possible à condition que vous ayez un rêve », a attaqué le chef de l'Etat, avant de louer les possibilités offertes par le Web en matière de création d'entreprise.
Il a également abordé l'éducation, l'université, ou la création d'une Silicon Valley à la française, que doit incarner le plateau de Saclay, dans l'Essonne, ainsi que la démocratie à l'heure du numérique. « L'un des éléments qui permet de juger si un pays est une démocratie ou une dictature, c'est son attitude envers le Web. Autrement dit, c'est un très mauvais signe de vouloir censurer ou contrôler le Web, c'est un marqueur », a-t-il déclaré à ce sujet.
Des anicroches en suspens, liées notamment à la domiciliation fiscale de Google (qui paie ses impôts en Irlande pour la majeure part de ses activités européennes), il n'aura été que peu question. Le président s'est par contre offert une petite sortie à l'encontre de David Cameron, le premier ministre britannique, au sujet des taxes en vigueur à Londres.
Mardi, l'heure était donc à l'optimisme et au symbole, même si selon Nicolas Sarkozy, des erreurs ont été commises et d'autres le seront sans doute. Confessant avoir dû « s'y mettre » pour comprendre le Web, il a assuré à Eric Schmidt qu'il serait ravi de revenir inaugurer un futur immeuble . « Monsieur le Président, vous êtes un extraordinaire président », venait de le complimenter l'intéressé.
Pour Google, la fête se poursuit également en ligne, au travers d'un mini-site présentant l'intérieur du Googleplex et les projets de la firme en France.