« Grâce aux technologies d'intrusion informatique et d'interception de communications, les Etats procèdent à un nombre grandissant d'arrestations de journalistes, de citoyens-journalistes et de dissidents », fait valoir RSF, qui rappelle la portée de dispositifs comme la Grande Muraille Electronique chinoise, la volonté iranienne de mettre en place son propre réseau de communications coupé du reste du monde et la généralisation, dans les pays concernés, des outils visant à surveiller et intercepter les communications électroniques, voire à limiter les possibilités d'anonymat offertes par Internet.
Nouveauté de cette édition 2013 : RSF fustige nommément cinq entreprises spécialisées dans la conception d'outils de gestion et de surveillance du réseau, les qualifiant de « mercenaires de l'ère digitale ». « Utilisées à des fins légitimes de lutte contre le cybercrime », les technologies concernées « se transforment en redoutables outils de censure et de surveillance contre les défenseurs des droits de l'homme et les acteurs de l'information lorsqu'elles sont utilisées par des régimes autoritaires », fait valoir l'association.
Elle incrimine ici le français Amesys (filiale de Bull), objet d'une enquête pour avoir équipé depuis 2009 un centre de surveillance informatique du régime de Kadhafi en Libye, ainsi que quatre autres acteurs internationaux : l'italien Hacking Team, l'allemand Trovicor, le britannique Gamma International et l'américain Blue Coat.
« Comme de graves violations des droits de l'homme sont rendues possibles par l'utilisation de matériels ou de technologies de surveillance fournies par des entreprises basées dans des pays démocratiques, il est temps que les dirigeants de ces pays, qui condamnent officiellement les atteintes à la liberté d'expression en ligne, prennent des mesures fortes, notamment mettent en place un contrôle strict de l'exportation des armes digitales vers des pays qui bafouent les droits fondamentaux », appelle Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières.