La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. C'est ce qu'essaye de faire entendre le ministre allemand de la Justice et de la Protection du consommateur depuis quelques mois. Expliquant que « la limite de la liberté d'expression est atteinte dès qu'il y a appel à la violence ou incitation à la haine et que cela touche à la dignité humaine », Heiko Maas vient de faire aboutir un projet qui prévoit d'obliger le retrait dans les 24 heures tout contenu signalé comme haineux ou raciste sur Internet.
Un Groupe de Travail avait été lancé en septembre avec Facebook, Google et Twitter, sous l'impulsion du ministre. Trois mois plus tard, les actes succèdent aux paroles : les internautes allemands auront désormais à leur disposition des mécanismes simplifiés de transmission des plaintes. Celles-là seront rapidement étudiées par les sociétés du numérique, ayant au préalable constitué des équipes spécialisées. Si un doute persiste, ils auront la possibilité de faire appel à une équipe d'experts germanophones.
Le Groupe de Travail prévoit aussi de transmette les données des utilisateurs responsables de tels propos, conformément à la loi. Il incite aussi les ONG concernées à rédiger des rapports circonstanciés pour les cas les plus probants.
Heiko Maas précise que les conditions générales de ces activités seront exhibées dans la plus grande transparence et que les employés des entreprises concernées recevront une formation adaptée.
Combattre le feu par le feu
Toutes les parties en présence ont en outre reconnu l'importance des contre-discours et du développement d'une rhétorique inverse à celle des messages de haine envers les migrants. Ainsi des rapports d'ONG seront couramment publiés et mis en valeur sur les différentes plateformes, notamment Facebook et Twitter. Le communiqué officiel allemand parle même de l'efficacité des « contre-récits » et insiste sur le soutien qui sera accordé aux « programmes éducatifs favorisants la pensée critique. »Cela faisait des mois que Heiko Maas dénonçait déjà, sur sa propre page Facebook, les actes ou paroles incitant à la haine des migrants. Mardi, alors même qu'il communiquait sur son propre travail, le ministre allemand dénonçait aussi de récents actes criminels survenus dans le pays à l'encontre des réfugiés : « La recrudescence des violences provenant des groupuscules d'extrême droite sont une véritable honte pour notre pays ».
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