Reconnaissance faciale dans les aéroports : l'administration Trump amenée à rendre des comptes

Benoît Théry
Publié le 24 mars 2020 à 08h56
Reconnaissance faciale

L'American Civil Liberties Union (ACLU), une importante association spécialisée dans la défense des libertés individuelles a annoncé qu'elle intentait une action visant à obtenir des informations sur les programmes de reconnaissance faciale utilisés dans les aéroports américains.

L'organisme exige plus de détails sur le fonctionnement des scanners utilisés. Elle souhaite aussi en apprendre davantage sur les plans du gouvernement, qui prévoit selon l'ACLU une « surveillance gouvernementale durable et indétectable à grande échelle ».


Appel à la transparence

L'ACLU a ainsi déposé des dossiers auprès de la Customs and Border Protection (CBP, la principale organisation chargée de la sécurité des frontières), de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) et de la Transportation Security Administration (TSA). Tous trois font partie du département de la sécurité intérieure américain (DHS).

L'initiative vise à obtenir des informations sur le système de vérification des voyageurs (Traveler Verification Service), un système mis en place par l'administration Trump associant des photographies des voyageurs à une banque d'images. Son communiqué précise : « Au cours des dernières années, le CBP et la TSA ont considérablement étendu leur utilisation de la technologie de surveillance du visage dans les aéroports et à la frontière, ce qui soulève de profondes inquiétudes en matière de libertés civiles ».

La procédure est d'abord un appel à la transparence, l'association s'interrogeant sur des liens possibles entre ces programmes de reconnaissance faciale et diverses entités privées - à commencer par les compagnies aériennes. Ashley Gorski. L'avocate du National Security Project de l'ACLU a déclaré que « le public a le droit de savoir quand, où et comment le gouvernement utilise la reconnaissance faciale, et quelles garanties, le cas échéant, sont en place pour protéger nos droits ».


Deuxième tentative

L'ACLU avait déjà déposé, le 9 janvier dernier, une première demande auprès du département de la sécurité intérieure. Mais alors que la loi confère un délai de 30 jours aux différentes agences pour répondre, l'ACLU dit n'en avoir reçu aucune. L'organisme affirme que « le public manque d'informations essentielles sur la gestion de la CBP. Il manque également des informations essentielles sur les plans du CBP et de la TSA pour étendre la technologie de reconnaissance faciale dans les aéroports et à la frontière ». Actuellement, le programme est appliqué dans au moins 17 aéroports. La CBP a affirmé qu'elle comptait atteindre un taux de reconnaissance des voyageurs sortants de 97 % d'ici 2021, rapporte CNet.

Face à cette nouvelle procédure, tous les organismes concernés n'ont pas encore réagi. La CBP et la TSA ont refusé de la commenter. Un porte-parole de l'ICE a simplement déclaré que l'agence n'était pas en mesure de commenter un litige en cours, mais que le programme de reconnaissance faciale n'était utilisé qu'à des fins d'enquête. Dans un communiqué, l'agence a ajouté : « L'ICE n'utilise pas systématiquement la technologie de reconnaissance faciale pour l'application de la loi sur l'immigration civile. L'utilisation par l'ICE de la technologie de reconnaissance faciale est principalement utilisée par les agents spéciaux de l'Homeland Security Investigations (HSI) enquêtant sur l'exploitation d'enfants, la traite d'êtres humains et d'autres cas relevant des agents spéciaux de l'HSI ».

Source : The Verge
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