Dans l'affaire du contrat JEDI, qui doit moderniser les systèmes informatiques de la Défense américaine, le recours d'Amazon auprès de la justice n'aura servi à rien. L'inspecteur général en charge du dossier a déclaré mercredi 15 avril ne pas avoir pu déterminer si Donald Trump avait influencé la décision du département de la Défense.
En octobre dernier, Microsoft avait décroché ce contrat - qui n'a donc rien à voir avec la saga Star Wars - alors qu'Amazon se présentait comme un meilleur prétendant.
Microsoft va arrêter d'investir dans la reconnaissance faciale suite au scandale AnyVision
« Privilège de communication présidentiel »
L'inspecteur général n'a pas pu « déterminer si la Maison-Blanche avait influencé l'attribution d'un contrat de 10 milliards de dollars à Microsoft » car il n'a pas eu accès à l'ensemble des communications ayant pu avoir lieu entre le bureau ovale et les hauts responsables du département de la Défense (DoD).Reuters rapporte que ce manque est dû à « l'affirmation d'un "privilège de communication présidentiel" ». En d'autres termes, la Maison-Blanche a refusé de fournir les communications présidentielles. Si l'auteur du rapport dit ainsi « ne pas être certain qu'il y ait eu des communications entre la Maison-Blanche et certains responsables du DoD qui auraient pu affecter le marché JEDI », il laisse cependant la question ouverte concernant une implication de Donald Trump dans le dossier.
La Maison-Blanche n'a pas commenté ce rapport. Le département de la Défense, qui s'était dit « confiant », mais « déçu » de la plainte d'Amazon a déclaré que cela « devrait enfin fermer la porte aux médias et aux attaques ».
Reconnaissance faciale dans les aéroports : l'administration Trump amenée à rendre des comptes
Un rapport au goût amer pour Amazon
Ce n'est pourtant pas si sûr : le Démocrate Jack Reed, l'un des membres les plus influents du comité sénatorial des forces armées, l'a qualifié de « troublant et incomplet », ajoutant qu' « il offre un autre exemple des efforts du président pour faire pression de manière inappropriée sur les agences fédérales ».Un porte-parole d'Amazon Web Services (AWS) a tenu le même discours, affirmant que « le refus de la Maison-Blanche de coopérer à l'enquête de l'inspecteur général est une nouvelle tentative flagrante d'éviter un examen significatif et transparent de l'attribution du contrat JEDI ». L'entreprise a ajouté : « Il est clair que ce rapport n'a pas pu évaluer l'ingérence politique car plusieurs témoins du DoD ont été chargés par la Maison-Blanche de ne pas répondre aux questions de l'inspecteur général sur les communications entre la Maison-Blanche et les responsables du DoD ».
Microsoft, pour qui le rapport devrait signifier la reprise du contrat JEDI mis en suspens temporairement, a publié un post de blog intitulé « Faut-il autoriser Amazon à reprendre (le contrat) JEDI ? ». Pour l'entreprise, c'est le prix demandé par Amazon dans le contrat qui a condamné sa proposition, affirmant que « Microsoft a remporté le contrat JEDI parce que le ministère de la Défense a constaté que nous proposions une technologie "nettement supérieure" à un meilleur prix ».
Si ce chapitre judiciaire se clôture, c'est un vaste volet politique qui reste ouvert. Car selon Amazon, le litige du contrat JEDI découle directement de la lutte entre Donald Trump et Jeff Bezos, le P.D.-G. d'Amazon.
Source : Reuters