La pancarte "Coca-Cola" a été ajoutée en post prod à cette scène dans une  émission de télévision chinoise. © Mirriad
La pancarte "Coca-Cola" a été ajoutée en post prod à cette scène dans une émission de télévision chinoise. © Mirriad

Imaginez une scène, dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, où Indiana Jones déambulerait dans les rues du Caire, avec des panneaux publicitaires de marques bien connues en arrière plan. Ou encore une autre, où Charlie Chaplin serait attablé avec une bouteille d’eau minérale à la marque bien visible, posée à côté de lui.

Cela vous parait absurde? Eh bien, ça ne l'est peut être pas tant que cela.

L’intelligence artificielle pour fluidifier l’expérience publicitaire de l’utilisateur

Depuis quelques années, l'entreprise Mirriad développe en effet une technologie capable d'intégrer des marques dans les décors d'œuvres cinématographiques, en post-production. La plateforme de streaming chinoise Tencent Vidéo, et la série américaine Modern Family, ont déjà utilisé le procédé. En France, Mirriad a notamment inséré les produits d’une célèbre marque de voiture dans la série Demain nous appartient diffusée sur TF1.

Appelé « In Video advertising », ce procédé permet d'implémenter de manière dynamique des éléments virtuels dans une image filmée, en post production. Alimentée par l’intelligence artificielle, cette technologie à cela d'inédit qu'elle analyse l’image afin d'y trouver les espaces publicitaires les plus « efficaces ».

La technologie est ainsi capable de « lire » une image, et de tenir compte de la profondeur de champ, du mouvement de caméra, des textures, bref, d'à peu près tout ce qui constitue un plan. Elle permet aussi d'assurer une « continuité éditoriale » en insérant les éléments de façon cohérente tout au long du film.

Des problèmes juridiques et artistiques pour mettre en œuvre cette technologie

Verra-t-on bientôt une version de « E.T » dans laquelle le célèbre vélo sera affublé d’une marque quelconque ? Peut-être pas si vite.

Si les placements de produits ne sont pas nouveaux - en 1896, Les laveuses, réalisé par les frères Lumière, mettait déjà en scène deux caisses au premier plan faisant la promotion d’une marque de savon - la facilité avec laquelle créer des objets publicitaire très bien intégrés à l’image à postériori pose différentes questions : quid par exemple de l’intégrité de l’œuvre protégée par le droit d’auteur, ou du travail du directeur artistique ayant réfléchi à l’apparence des éléments du décor ?

La question reste tout de même en suspens : appât du gain ou crise économique liée à la pandémie de COVID-19, quelques « bouchons »  pourraient bien sauter dans l’industrie du cinéma.

Certains dirigeants du monde de la musique voient même dans cette technologie l’opportunité pour des groupes d’ajouter des placements de produits numériques à leurs clips, récents ou anciens.

La technologie pourrait également servir à intégrer des publicités quasiment en direct lors d’événements sportifs.

Et ce n’est pas tout. La société californienne Ryff affirme pouvoir aller
encore plus loin en permettant d'intégrer des marques à l'image selon le principe de la publicité ciblée. Ainsi, lorsque vous regarderez un film via une plateforme SVoD ou une télévision intelligente, une publicité pourra être intégrée à l'image en fonction de ce que vous avez précédemment acheté ou regardé en ligne.

Riff utilise pour ce faire l'intelligence artificielle, l'apprentissage automatique et le rendu 3D, pour placer virtuellement les produits et les marques dans le contenu diffusé.

Source principale : BBC