Elon Musk © AP
Elon Musk © AP

Elon Musk a refusé personnellement une demande des autorités ukrainiennes d'étendre l'utilisation de son réseau Starlink à la Crimée.

Le P.-D.G. de Tesla, qui semble se distancer de plus en plus ces derniers temps du soutien à la résistance ukrainienne, cite des risques d'escalade nucléaire entre l'Occident et la Russie. Les forces armées de Kyiv ont en effet clairement annoncé leur intention de reconquérir la péninsule, dont l'annexion par la Russie en 2014 n'a été reconnue par presque aucun pays au monde.

Le réseau Starlink, instrument crucial de la défense ukrainienne

Dès les premiers jours de l'invasion par les forces de Vladimir Poutine, le ministre de la transition numérique du gouvernement de Kyiv avait demandé à Musk de mettre à la disposition des troupes ukrainiennes son réseau de satellites Starlink. Les infrastructures de télécommunications du pays étant des cibles prioritaires des Russes, cette demande permettait de sauvegarder des moyens de communications fiables, rapides, et mobiles. Musk l'a d'ailleurs presque immédiatement acceptée et a envoyé des dizaines de milliers de terminaux mobiles qui ont depuis permis aux troupes, même isolées comme dans le cas du siège de Marioupol, de continuer à échanger avec leur commandement. Les drones, qui ont pris une grande importance dans ce conflit, utilisent également ce réseau, qui est donc devenu une part cruciale de l'effort de guerre ukrainien.

Ces dernières semaines cependant, plusieurs unités ont noté des interruptions du service. Selon toute vraisemblance, la raison de ce problème est l'avance trop rapide des contre-attaques ukrainiennes, qui ont repris plusieurs milliers de kilomètres carrés en septembre. Starlink, en effet, n'est pas actif dans les zones occupées par les forces russes, et une modification du front doit donc être transmise à ses satellites pour pouvoir corriger cela.

Elon Musk, un allié de plus en plus hésitant

Si Elon Musk jouissait d'une excellente image en Ukraine du fait de l'importance cruciale que Starlink a prise dans le conflit, elle s'est ternie ces derniers jours. D'abord quand, sans aucune légitimité donnée par l'un ou l'autre des belligérants, il s'est improvisé médiateur et a proposé un plan de paix sur Twitter. Il consistait, dans les grandes lignes, à accéder à la plupart des demandes russes. Ce plan reprenait d'ailleurs la terminologie de la propagande russe, qualifiant « d'erreur de Khrouchtchev » le transfert de la Crimée à l'Ukraine. Plusieurs officiels et diplomates ukrainiens avaient alors répondu avec plus ou moins de politesse à son tweet.

Par ailleurs, un journaliste a affirmé que le patron de Tesla s'était entretenu avec Vladimir Poutine juste avant de proposer son « plan de paix ».

La décision, ordonnée par Musk lui-même, de bloquer les services de Starlink aux forces ukrainiennes en Crimée est donc dans la même logique de retour en arrière, ou de tentative d'apaisement vis-à-vis du président russe. Citant le risque d'escalade nucléaire, Musk sous-entend cependant que la péninsule ne fait pas partie du territoire ukrainien, alors que son annexion n'a été reconnue que par 11 pays, dont la Corée du Nord, la Syrie ou encore la Biélorussie. Le fait qu'une technologie aussi décisive que Starlink soit entre les mains d'une personnalité aussi fantasque et inconsistante doit, sans nul doute, donner quelques sueurs froides aux dirigeants de Kyiv.