La science-fiction, par le biais de l'imagination, est l'une des plus belles façons de voyager. Cette semaine, vous allez être servis, grâce à un roman de SF qui ne fait pas les choses comme les autres : préparez votre valise, je vous emmène dès maintenant pour un magnifique trekking à l'autre bout de la galaxie.
Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
L'espace d'un an (2016)
Par Becky ChambersPour ce nouvel épisode de votre chronique · S | ꟻ ·, nous allons nous éloigner des productions françaises présentées jusqu'alors, pour flirter du côté des Etats-Unis avec la charmante Becky Chambers.
L'espace d'un an est le premier roman de l'auteure, auto-édité en 2012 puis arrivé dans nos contrées grâce à la maison d'édition L'Atalante, en 2016. Il est aussi le premier de la série « Les Voyageurs ».
Vous qui aimez la science-fiction, posez vos fusils laser, rangez au placard votre cyborg de compagnie et préparez-vous à une odyssée où l'amour est roi. Et n'ayez pas peur, ce livre va vous faire un bien fou !
« Bienvenue à bord du Voyageur »
Chers lecteurs et lectrices, laissez-moi vous souhaiter la bienvenue sur le vaisseau tunnelier Voyageur. Oui, je sais, difficile de faire moins original. Mais ne vous arrêtez pas à ce détail. Le récit de science-fiction que je vais vous faire découvrir aujourd'hui m'a fortement plu, bien que tranchant avec mes lectures habituelles très orientées vers le space opera.Dans L'espace d'un an, point de batailles spatiales, de guerres intergalactiques sanglantes ou d'autres formes de violence. Non, non, rien de tout ça, n'insistez pas !
L'histoire suit Rosemary Harper, jeune greffière humaine originaire de Mars, venue prendre son nouveau - et premier - poste à bord d'un vaisseau tunnelier en partance pour un forage situé dans un secteur éloigné de la galaxie. Le but de la mission ? Creuser un trou de ver pour faciliter la liaison avec une espèce extraterrestre nouvellement intégrée à l'Union Galactique.
« L'endroit rêvé pour un nouveau départ »
Fuyant les sombres magouilles de sa riche famille, Rosemary fait donc le choix de partir dans le vaste espace, loin de Mars. L'occasion pour elle - et pour nous - de découvrir l'équipage diablement attachant du Voyageur.Composé d'humains, d'une femelle Aandrisk, de l'un des derniers Grum encore vivants, d'une paire Sianate et d'une IA douée de sentiments, cet assemblage hétéroclite nous accompagnera tout au long des pages du roman. Nous y découvrirons leur quotidien de foreurs de trous noirs, truffé de moments de joie, de partage mais aussi de tristesse.
Commencer à lire L'espace d'un an, c'est comme vivre avec une nouvelle famille. Becky Chambers habille son univers d'un niveau de détail incroyable, à tel point que l'on a l'impression que chaque espèce décrite pourrait véritablement exister dans notre monde réel. Bluffant !
« (00:28) : on a gagné le jackpot »
Suite à l'entrée des Toremi Ka dans l'Union Galactique, notre équipage est donc engagé pour creuser un tunnel depuis le nouveau secteur vers le reste de l'espace civilisé. Une mission de haute importance pour le Voyageur, pouvant potentiellement rapporter gros, que ce soit en termes d'argent ou de renommée. Autant dire qu'Asby, le capitaine humain du vaisseau de forage, ne voit pas de raison de refuser une telle offre.C'est sur ces entrefaites que démarre l'escapade. Si l'auteure nous a déjà bien dégrossi les contours de l'équipage avec un premier forage de routine, la longue route jusqu'au territoire Toremi Ka sera l'occasion pour nous de découvrir en détail les motivations de chacun.
De l'humain hautain au Grum doux comme un agneau, en passant par la mystérieuse paire Sianate, chaque personnage a une histoire bien personnelle. Chacune d'elle se dévoile au fil des péripéties du livre, en douceur. Car c'est bien là le maître-mot de L'espace d'un an : la douceur.
« Famille-couvée, famille-plume, famille-foyer »
Jamais un livre de science-fiction n'a développé une approche aussi pacifique, voire pacifiste. L'espace a beau être vaste, les endroits accueillants fleurissent dans l'œuvre de Becky Chambers. En fait, c'est un peu comme si nous débarquions dans la cantina de Mos Esley, les chasseurs de primes et sabres laser en moins !Le récit n'en reste pas moins savoureux. En effet, quel mal y a-t-il à apprendre le fonctionnement complexe des Aandrisks ? Ou à connaitre la cause de l'extinction de Grums pourtant à leur apogée ? L'espace d'un an nous plonge finalement dans une encyclopédie spatiale incroyablement détaillée.
Bien sûr, le récit ne se résume pas qu'à la description de marchands de souvenirs tentaculaires ou à la visite de garages galactiques envahis de sauterelles de l'espace. Quelques moments d'actions intenses sont aussi dépeints, mais sans violence aucune... Bon, ok, à peine un bleu. Dans tous les cas, on reste loin du cruel Exodes !
« Je suis fatiguée de me demander lequel de nous deux va se faire tuer le premier. Nous méritons mieux que ça »
Le voyage vers le territoire Toremi Ka n'est pas qu'un long fleuve tranquille. Si le roman américain met l'accent sur les relations entre les membres l'équipage et leurs histoires, quelques incidents viendront émailler le parcours. À ce jeu, Becky Chambers réussi l'exploit de rendre le tout incroyablement touchant, sans jamais avoir recours à des morts violentes.Un vrai petit exploit, que je me dois de saluer dans mon humble chronique. Car rares sont les livres à m'avoir autant séduit que L'espace d'un an, moi qui suis pourtant un fan de bouquins bourrés d'action. Ce livre est un véritable souffle d'air frais vivifiant dans le monde de la SF.
Jamais fleur bleue, toujours touchant, L'espace d'un an nous révèle ce que l'on ne voit que trop rarement dans ce domaine : des espèces unies malgré leurs différences, un univers dont les cœurs multiples battent à l'unisson malgré les difficultés. Miroir de nos espoirs les plus fous, ce roman est à lire à tout prix, ne serait-ce que pour profiter d'un peu de douceur dans un monde où la violence est devenue une habitude...