Depuis plusieurs années déjà, les spécialistes de l'eye-tracking, ou capture des mouvements de l'oeil, ont démontré qu'il était possible d'établir des interactions entre un logiciel et l'utilisateur, par l'intermédiaire du regard de ce dernier. Au delà des applications spécialisées (analyse comportementale dans l'univers de la publicité, assistance au handicap), il reste à voir comment ces technologies éprouvées peuvent trouver des débouchés commerciaux auprès du grand public.
Le suédois Tobii, spécialiste du genre, compte bien accélérer la cadence avec la mise en vente prochaine de prototypes réservés aux développeurs de logiciels, associés à un kit de développement (SDK) dédié, de façon à ce que naissent demain des applications pilotées au doigt et à l'oeil... au sens propre !
L'eye tracking consiste pour mémoire à capturer (track) les mouvements de l'oeil (eye), ce qui chez Tobii se fait à l'aide d'un jeu de caméras infrarouge, placées à proximité immédiate de l'écran observé par l'utilisateur. Derrière ces caméras, un soupçon d'électronique, une once d'algorithmes et quelques logiciels bien pensés se chargent d'interpréter les mouvements observés de façon à en extrapoler des souhaits d'action supposés. Entre autres exemples, simples mais probants, Tobii propose depuis quelques années de déplacer une carte de type Google Maps à l'oeil, ou tout simplement de voir défiler le texte que l'on est en train de lire automatiquement à l'écran de façon à suivre la pupille.
D'autres, plus ambitieux, permettent de tirer à vue sur des astéroïdes dans un jeu vidéo, en se contentant de les fixer du regard. Ces débouchés ont logiquement de quoi faire rêver les geeks en mal de nouvelles sensations, mais le suédois tempère les enthousiasmes. « S'il est possible de réaliser des interfaces contrôlées exclusivement à l'oeil, nous pensons qu'il faut dans un premier temps envisager l'eye-tracking comme un dispositif complémentaire des équipements actuels, clavier, souris ou écrans tactiles », nous expliquait dimanche une responsable de chez Tobii à l'occasion du CES Unveiled.
Pour l'instant, la priorité du suédois réside dans la démocratisation des usages associés à sa technologie, baptisée Gaze. C'est pour ce faire qu'il entreprendra de commercialiser, dans les mois à venir, 5 000 exemplaires d'un petit appareil, le Tobii Rex, réservé aux développeurs et fourni avec les interfaces de programmation permettant d'apprendre à l'exploiter. Ces kits seront facturés 995 dollars (hors taxe) la pièce, et pourraient, en cas de succès, augurer l'avènement d'appareils destinés au grand public. Le regard, plus fort que les gestes... Kinect et consorts n'auraient-ils qu'à bien se tenir ?