Après une longue histoire, Carmat a finalement obtenu des résultats. Au bout de 27 ans d'efforts, la société française vient d'obtenir le marquage CE (Certification Européenne) pour son cœur artificiel.
Cette approbation signifie que la marque pourra désormais proposer son dispositif sur le marché européen. Il pourra servir de solution intermédiaire pour les personnes souffrant de problèmes cardiaques et en attente d'une transplantation.
« La phase de production sera délicate »
Tout n'est pas encore gagné, mais le P.-D.G. de Carmat, Stéphane Piat, se veut optimiste. Il a fallu 10 ans à sa société pour obtenir la certification CE. Il relativise pourtant : « C'est un record étant donné la complexité d'un tel appareil. »
À présent, Carmat, qui avait pris les commandes il y a quatre ans, prévoit d'accélérer progressivement sa production. Lors d'interviews à BFM Business et France Info, Stéphane Piat explique : « Nous devrons travailler avec des médecins et des centres médicaux maintenant pour offrir notre thérapie et nous devrons rechercher des patients. La phase de production sera délicate. »
Il ajoute : « Il faut deux mois et demi pour produire un cœur. Notre but, c'est d'arriver à 10 par mois. »
700 millions d'euros de ventes annuelles attendus d'ici 2030
Beaucoup d'intérêts médicaux et économiques se pressent autour de cette annonce. Selon Mohamed Kaabouni, analyste de la société Portzamparc, le cœur artificiel de Carmat a « le potentiel d'un blockbuster » et pourrait générer 700 millions d'euros de ventes annuelles en Europe d'ici 2030.
La seule obtention par l'enseigne de la certification CE a d'ailleurs fait remonter son action. À la suite de l'annonce, celle-ci a ainsi grimpé de 34 % à 32,05 euros. Carmat reste cela dit bien en-deçà de ses niveaux historiques, qui s'établissaient au-delà des 160 euros à la mi-2011.
27 ans de mises au point et de certifications
Il faut dire que cet appareil est le fruit d'un long parcours, depuis le premier discours, en 1993, du chirurgien et inventeur Alain Carpentier auprès de l'industriel Jean-Luc Lagardère. Au total, il aura fallu plus d'un quart de siècle pour que ce cœur artificiel devienne une réalité en Europe.
Mais pour Mohamed Kaabouni, le jeu en valait clairement la chandelle. L'expert affirme que « tout le monde l'attendait, et à présent, il existe. » Il ajoute : « Le marquage CE est crucial pour les patients, et l'entreprise française a probablement obtenu l'approbation d'un véritable blockbuster, étant donné l'ampleur du besoin médical et la rareté et l'inefficacité des autres solutions. »
Une nouvelle étape de cette accélération doit être franchie en janvier. Le cœur de Carmat doit être prochainement disponible partout en Europe et dans une dizaine d'autres pays acceptant la certification CE.
Source : Bloomberg