Bientôt, le smartphone de tout un chacun pourrait prédire le risque de mortalité de son détenteur en analysant simplement les données enregistrées durant six minutes de marche.
Les objets connectés permettent de surveiller notre santé de manière bien plus efficace, à l’instar des appareils Withings qui ont été primés à plusieurs reprises, ou encore de l’Apple Watch qui est notamment capable de détecter une crise cardiaque. Toutefois, ces gadgets ne sont détenus que par une partie mineure de la population.
Six minutes de marche suffisent
Dans une nouvelle étude publiée dans la revue PLOS Digital Health, des chercheurs ont établi que les données de mouvement recueillies par les capteurs des smartphones, bien plus démocratisés, pouvaient permettre de prédire le risque de mortalité sur cinq ans d'une personne avec une précision d'environ 70 %.
Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont examiné les données de 100 655 participants à l'étude UK Biobank, qui recueille depuis plus de 15 ans des informations sur la santé d’adultes d'âge moyen et de personnes âgées vivant au Royaume-Uni. Cette dernière a démontré d'importantes corrélations entre la vitesse de marche et la santé générale, car les participants ont porté des moniteurs d'activité au poignet pendant une semaine et ont ensuite été suivis pendant au moins cinq ans.
Ils ont ensuite soumis les données relatives aux capteurs de mouvement et aux décès d'environ un dixième des participants à un modèle d'apprentissage automatique, qui a développé un algorithme permettant d'estimer le risque de mortalité à cinq ans à partir de l'accélération pendant une marche de six minutes.
Cet algorithme prédictif a pu offrir des estimations du risque de mortalité sur cinq ans aussi précises que celles recueillies par des dispositifs portables 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ou par des tests de marche cliniques plus complexes. En effet, « pour de nombreuses maladies, en particulier les maladies cardiaques ou pulmonaires, il existe un schéma très caractéristique selon lequel les personnes ralentissent lorsqu'elles sont essoufflées et accélèrent à nouveau à faible dose », explique Bruce Schatz, chercheur à l'Université de l'Illinois Urbana-Champaign.
Un intérêt pour les tranches de population vulnérables
Les données recueillies par ces trackers de fitness sont similaires à celles pouvant être enregistrées par un smartphone placé la poche d'une personne lorsqu’elle se déplace. « Bien que ces données aient été recueillies à partir de moniteurs d'activité, nos modèles de capteurs n'utilisent que les entrées qu'il serait possible de recueillir à l'aide de téléphones bon marché, actuellement disponibles. Cela est possible grâce à nos expériences cliniques approfondies avec des téléphones bon marché, qui ont permis de développer des modèles prédictifs très précis de l'état de santé des patients cardiopulmonaires », expliquent les chercheurs dans l'étude.
« Cela est particulièrement important à des fins d'équité en matière de santé, étant donné que les populations les plus à risque pour la santé sont souvent celles qui ont le moins de ressources - ainsi, les personnes les plus susceptibles d'avoir des téléphones bon marché plutôt que des dispositifs portables bénéficieraient le plus d'une évaluation facile. Les applications téléphoniques pourraient enregistrer six minutes de marche consécutives au cours de la vie quotidienne, puis calculer des modèles prédictifs pour la stratification du risque via une analyse de la population », continuent-ils.
Les chercheurs se concentrent désormais sur les capteurs présents dans les smartphones et souhaitent les tester sur des échantillons de personnes émanant de toutes les tranches de la population, afin que les résultats soient les plus efficaces possibles pour tout le monde. Cette étude démontre le rôle toujours plus important des smartphones pour la santé. Pour rappel, des scientifiques envisagent également de s’en servir en tant que stéthoscopes connectés.
Sources : New Scientist, New Atlas, PLOS Digital Health