Vue d'artiste de la Rocket Cargo, dans une configuration très proche du Starship de SpaceX. Si d'autres industriels se présentent, l'US Air Force et la Space Force devraient étudier d'autres configurations possibles. © USAF
Vue d'artiste de la Rocket Cargo, dans une configuration très proche du Starship de SpaceX. Si d'autres industriels se présentent, l'US Air Force et la Space Force devraient étudier d'autres configurations possibles. © USAF

Le Pentagone a officiellement lancé le programme « Rocket Cargo » pour le compte de la Space Force. L’objectif : développer une fusée de ravitaillement logistique à partir d’un lanceur réutilisable commercial.

Si SpaceX était jusqu’ici un interlocuteur privilégié pour le Pentagone, d’autres fournisseurs de la NASA sont désormais approchés.

Des fusées commerciales pour les militaires américains

Dans les années 1950 et 1960, les programmes spatiaux du monde entier se sont développés à partir des technologies militaires. Avec l’essor du New Space, il semble désormais que ce soient les systèmes civils qui inspirent les militaires, notamment américains. L’année dernière, le Pentagone avait déjà révélé qu’il travaillait avec SpaceX sur la possibilité d’une fusée logistique utilisée pour ravitailler les troupes américaines n’importe où dans le monde en moins d’une heure, dix à vingt fois plus vite qu’un avion-cargo.

Ces études ont permis de déterminer le cahier des charges de ce futur programme, auquel le Pentagone a attribué une priorité maximale dite « Vanguard », au même titre que le programme Skyborg ou que les essaims de drones. Pour cela, une demande de financement de 47,9 millions de dollars a été faite auprès du Congrès pour l’année fiscale 2022. Nommé « Rocket Cargo », le projet sera mené conjointement par l’US Air Force, via l’Air Force Research Laboratory, et par la Space Force, qui disposera des ressources pour exploiter ces futures fusées. Ces dernières devraient pouvoir embarquer 30 à 100 tonnes de matériel et les délivrer n’importe où dans le monde en 60 à 90 minutes.

Un projet réalisable, mais très complexe

Ce n’est pas la première fois que des lanceurs spatiaux sont envisagés pour délivrer des troupes ou du matériel à l’échelle globale. Mais si les projets menés entre les années 1950 à 2000 buttaient sur des aspects techniques et budgétaires, les réussites des acteurs du New Space rendent désormais une telle idée matériellement possible. D'autant plus que le Pentagone a désormais l'habitude de travailler avec les industriels du secteur.

Sur le papier, l’idée est prometteuse. En une heure, une fusée chargée de plusieurs palettes standardisées pourrait livrer des munitions à des troupes assiégées, du ravitaillement sur des bases isolées ou des médicaments et des vivres dans une zone sinistrée par une catastrophe naturelle. On se retrouverait alors avec la capacité d’emport d’un avion, la possibilité de se poser n’importe où d’un hélicoptère et la vitesse d’exécution d’une fusée.

Mais le concept fait face à deux difficultés majeures : celle du déchargement autonome de la cargaison et celle du ravitaillement en carburant pour assurer le redécollage. Si un Starship de SpaceX pourrait peut-être emporter assez de carburant pour le vol retour, une autre solution consisterait à contourner le problème en sélectionnant un lanceur réutilisable, mais un atterrisseur consommable ou semi-consommable. C’est en tout cas ce qui ressort des dernières déclarations du Pentagone, qui semble désormais ouvert à d’autres propositions dérivées du programme de cargo lunaire de la NASA, le Commercial Lunar Payload Services (CLPS). Parmi les industriels potentiellement concernés, on peut donc citer SpaceX, Blue Origin, Sierra Nevada et Astrobotic, entre autres.

Source : Space.com