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Temporaires, personnalisables et peut-être un jour à la portée de tous, les smart tattoos ouvrent la voie à une certaine forme de réappropriation technologique.

Moins invasifs que les implants électroniques sous-cutanés et plus permissifs que les bracelets connectés et montres connectées, les smart tattoos pourraient devenir très tendances dans les prochaines années ; en tout cas, chez Microsoft Research, on place beaucoup d’espoir dans ces dispositifs.

Le pouvoir à l'utilisateur

Cette technologie, dont le nom technique est « système électronique épidermique », n’est pas nouvelle : en 2011, la revue Nature mettait en avant ses bénéfices dans le cadre d’un usage à visée médicale, notamment pour la surveillance d’organes. De fait, son application est jusqu’à présent restée confidentielle. Exceptée une apparition sous la forme des DuoSkin lors de la Fashion Week 2017 à New York, les smart tattoos ne sont pas très populaires.

Comme leur nom le suggère, ils prennent la forme d’un dispositif électronique directement implanté sur la peau d’un individu. Les smart tattoos ne nécessitent pas d’alimentation électrique. En pratique, ils offrent une multitude de possibilités, définies par leur porteur : lancer une chanson sur un appareil, augmenter ou réduire le volume, allumer la lumière, etc.

La personnalisation représente le principal atout de cette technologie. Le propriétaire choisi le design, mais également la fonctionnalité de son smart tattoo. Cette caractéristique le distingue des montres et bracelets connectés dont le champ d’actions est prédéfini par l’entreprise qui les conçoit. Une forme de réappropriation, en somme, qui est l'essence même du concept, comme le souligne Jonathan Lester, ingénieur électrique principal chez Microsoft Research : « Il s'agit de susciter l'intérêt des gens pour le contrôle de leurs technologies. Les smart tattoos visent à donner aux gens les outils pour faire des choses cool sur leur corps et le pouvoir de personnaliser leur électronique, pour refléter leur propre personnalité ».

Une durée de vie limitée

Appliqué sur la peau, un smart tattoo a une durée de vie très limitée : deux jours au mieux, en fonction de la zone choisie. Les incorporer dans des morceaux de tissus, comme des vêtements, peut néanmoins les rendre nettement plus pérennes. Cela offre plusieurs avantages, évitant par exemple l’emploi d’adhésifs inadaptés à la peau, ou permettant d’exercer une plus grande pression lors de l’application. Dans tous les cas, ces dispositifs restent fragiles et temporaires : même sur du tissu, ils finissent rapidement par s’abîmer.

En l’état, les smart tattoos conçus par Microsoft Research sont fabriqués à partir de feuilles d’or disposées sur des adhésifs. L’entreprise a également étudié les propriétés du graphène. Forcément, ces matériaux limitent la démocratisation des produits. L'entreprise collabore actuellement avec quelques partenaires sur d’autres solutions, moins onéreuses.

Vers des smart tattoos faits maison ?

À terme, l’objectif est de permettre aux clients de réaliser eux-mêmes leurs smart tattoos. Dans les laboratoires de Microsoft, les chercheurs travaillent avec des machines performantes, capables d’élaborer des structures multicouches, de tracer une multitude de lignes et une grande variété de formes. Néanmoins, selon Jonathan Lester, il serait possible de concevoir des dispositifs avec des outils nettement plus archaïques, accessibles au plus grand nombre : « En théorie, il suffit d'un peu de colle et de quelque chose qui conduit l'électricité et qui fait tout ce que vous voulez en matière de détection, et vous avez besoin d'un moyen de protéger cela ».

Au sein d’ateliers ouverts au public, Jonathan Lester et ses équipes essaient donc de trouver le meilleur moyen de démocratiser la confection de smart tattoos. La finalité serait de donner aux utilisateurs l’opportunité de retrouver un peu de pouvoir et de faire jouer leur créativité : « Il s'agit de les faire connaître au monde entier et de laisser les gens s'amuser avec, et trouver les prochaines idées étonnantes », conclut Jonathan Lester.