Vidéosurveillance intelligente : des expérimentations dans le métro parisien ? La mise au point de la RATP

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 26 février 2020 à 12h08
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© Pixabay

La campagne Technopolice, coordonnée par La Quadrature du Net, dénonce l'expérimentation qui serait menée par la Régie autonome des transports parisiens, qui utilise l'une de ses stations comme laboratoire dédié à l'IA.

Droit de réponse de la RATP, communiqué le 26 février 2020 :

La vidéo protection constitue un outil indispensable dans la chaîne de sécurisation, en complémentarité d'une présence humaine dense et réactive. La RATP a un dispositif de vidéoprotection composé de près de 51 000 caméras (36 000 embarquées et 15 000 fixes dans les espaces). Pour l'ensemble du matériel roulant et les espaces de la RATP les images sont conservées jusqu'à 72h. Elles peuvent durant ce délai uniquement être réquisitionnées par la police dans le cadre d'enquête.

La RATP a expérimenté depuis 2016 à Châtelet-les-Halles, un dispositif de détection automatique d'évènements à partir des caméras déployées dans ses espaces. Concrètement, il s'agit d'algorithmes capable de repérer des situations anormales (mouvements de foule, comportements violents ou objets délaissés par exemple) et de donner l'alerte afin que, le cas échéant, une intervention humaine puisse être déclenchée.

Les tests réalisés dans les emprises de la RATP ont permis de mettre en avant les points positifs et les obstacles techniques et juridiques liés à ces nouvelles technologies.

Le « Lab Intelligence artificielle », qui sera lancé par la RATP au cours du 2nd semestre 2020, a pour objectif de poursuivre les expérimentations afin de suivre l'évolution des technologies et optimiser son vaste réseau de caméras vidéos au bénéfice de la sûreté des voyageurs.

L'intelligence artificielle inonde bien des domaines aujourd'hui : le sport, la santé, l'automobile, l'aéronautique, l'éducation, le transport ou la sécurité. L'une des composantes de la sécurité est encore la vidéosurveillance, mais avec le temps, on parle davantage de « vidéosurveillance intelligente. » Et qui dit vidéosurveillance intelligente dit reconnaissance faciale. Récemment, la RATP a fait de la station Châtelet-les-Halles, à Paris, un vrai laboratoire dédié à l'intelligence artificielle. Une initiative qui n'enchante pas les associations et collectifs militants.


Des expérimentations qui servent à valider des technologies

Leur plus fringant représentant, Technopolice, coordonné par La Quadrature du Net et qui lutte contre les déploiements de nouvelles technologies policières, a lancé un appel sur les réseaux sociaux, visant à dénoncer l'expérimentation menée par la RATP dans le métro et le RER parisiens.

La régie parisienne, qui n'abrite pas moins de 50 000 caméras de surveillance (la France en compte un million) sur son immense réseau, « est régulièrement sollicitée par les industriels pour participer à des programmes de recherche-action visant à perfectionner la technicité des algorithmes », informe l'Institut Paris Région.

Pour l'instant, les expérimentations menées au sein de la station de Châtelet-les-Halles ne seraient pas concluantes, et ne serviraient qu'à valider des technologies. La RATP a ainsi déjà testé des algorithmes permettant de détecter diverses situations problématiques ou conflictuelles, comme des intrusions sous tunnel, des objets abandonnés, des rixes ou du maraudage.


Des caméras trop anciennes causent la multiplication des faux-positifs

Mais cette dernière situation est celle qui a le plus posé problème. Au sens de l'algorithme, la position statique d'une personne maintenue pendant plus de 300 secondes dans un lieu fréquenté entrainait la détection du maraudage. L'expérimentation, menée très exactement dans la salle d'échanges du RER à la station Les Halles, a tourné au fiasco dans le sens où l'algorithme prenait les usagers qui attendaient un rendez-vous ou recherchaient un itinéraire sur leur smartphone comme des maraudeurs.

Les faux-positifs s'expliqueraient en partie par la vétusté du matériel, 98% des caméras actives étant analogiques et donc peu adaptées aux algorithmes actuels utilisés.

Selon l'Institut Paris Région, a RATP indique enregistrer les images filmées au quotidien, en floutant les visages des usagers, de façon à créer une base d'apprentissage qui propulsera les prochains algorithmes, qui doivent être soumis aux conditions réelles d'espaces comme des stations de métro, avec toutes les contraintes liées à ces dernières, comme la luminosité, les vibrations et les flux aux heures de pointe).

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
keyplus

avant il y avait un poinconneur
ca coutait pas plus cher et c etait plus efficace

burnit

Confinement des hommes pour éviter leurs refus de dictature futur, par le biais technologique de la reconnaissance faciale et le tout numérique. Dernière étape l’argent numérique pour empêcher toute personne de pouvoir survivre en temps difficile ou suite à un refus d’idéologie par l’intermédiaire de grève interdite. Notation citoyenne dictature d’une prison européenne et persécution des chrétiens comme au temps de Néron

KlingonBrain

La généralisation d’une surveillance par des IA représente à n’en pas douter une menace sérieuse pour les libertés et la démocratie sur le long terme.

Informaticiens, soyons responsable, il faut interdire d’urgence ces technologies et ne pas y contribuer.

Les quelques faits divers que ces systèmes sont censés éviter ne valent absolument pas les risques qu’ils font peser sur nos libertés.

GRITI

Ils feront venir d’autres pays des informaticiens moins chers et ayant besoin d’argent et qui donc diront oui.

@supersebastigor : cube à 8 faces?

buitonio

Je pense qu’il veut dire cube à 8 coins, obscure référence à l’expression « aux quatre coins du monde », mentionnée par quelqu’un qui se moque avec humour des platistes. :slight_smile:
Sauf que, un cube a 6 faces, chaque face a 4 coins, et donc un cube a 24 coins.
Sauf si on considère que les 3 coins qui se touchent ne font qu’un seul coin, auquel cas un cube a 24 / 3 = 8 coins.

Popoulo

Avec la faune qui peuple cette capitale, l’espérance de vie du poinçonneur serait plus que fortement réduite.

share_the_pain

En tant que ingénieur informaticien je suis 100% d’accord si demain on me demande de travailler pour de l’IA autre que pour de la médecine ou autre chose vraiment utilise ça sera non

share_the_pain

Tous les pires scénario de science fiction sont en train de se produire bravo !

share_the_pain

Si on vous demande de travailler pour une IA qui fera la même chose que dans Person of interest, vous le ferez ?

faciliteur_de_transit

D’ingénieur études et développement en informatique à un autre, le problème n’est pas l’emploi des personnes, mais l’usage qui est fait des découvertes et des inventions.
Exemple, il y a un siècle, il n’y pas eu de compétition entre Tesla et Edison pour savoir si la chaise électrique devait fonctionner au courant alternatif (Tesla) ou au courant continu (Edison). Edison ne voulait pas qu’on puisse dire que le courant continu tue.

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