Pas exactement la plus reluisante des industries, les entreprises de recouvrement s'apprêteraient désormais à se débarrasser de ce qui leur reste d'humain.
C'est du moins le projet de Skit.ai, une société basée à New York et Bangalore, et qui ambitionne de vendre sa technologie de recouvrement assistée par IA à des entreprises de collecteurs de dette. Le service serait plus efficace, moins sujet à des erreurs, et surtout beaucoup moins cher et facile à répliquer à grande échelle.
Quelles sont les promesses de Skit et de ses concurrents ?
Dans le billet de blog qui annonce la sortie de son outil, Skit présente ainsi l'outil qu'elle développe : un « agent numérique », qui serait en réalité une voix générée et utilisant la technologie du text-to-speech en temps réel et de manière dynamique pour pouvoir tenir une conversation avec un véritable être humain. Et de lui demander de l'argent. L'utilisation du machine learning permettrait de plus de rendre ces appels de plus en plus « efficaces » avec le temps.
Si tout cela pouvait aisément être réalisé par des humains sadiques ou désespérés, l'intérêt principal de l'offre de skit, c'est – surprise – la rentabilité qu'elle permet. Car cette entreprise garantit que sa technologie sera capable d'effectuer des millions d'appels en quelques jours à peine, et ce pour une fraction du coût qu'ils auraient représenté s'ils avaient été effectués par des humains. Elle permettrait surtout de gérer plus simplement l'augmentation ou la diminution rapide de la demande, puisque l'entreprise n'aurait à se soucier ni du droit du travail ni de la dignité.
Les conséquences pour les personnes à l'autre bout du fil
S'il est difficile de reprocher à des entreprises privées de chercher des moyens d'augmenter leur rentabilité, rappelons tout de même que le marché des collecteurs de dette n'est pas, loin s'en faut, lui-même en détresse financière. Ainsi, si l'endettement des particuliers a légèrement baissé en France en 2022, cela n'est pas représentatif du mouvement global du secteur : les États-Unis ont ainsi atteint, en décembre dernier, leur record historique de dette contractée par des particuliers. Il était donc urgent de trouver un moyen de harceler les pauvres à l'échelle industrielle.
Dans leur communication, Skit et ses semblables présentent leurs solutions comme des moyens efficaces d'obtenir satisfaction, tout en ayant une approche à la fois ferme et empathique. Ce dernier mot est probablement plus destiné aux relations publiques qu'à leurs clients, dont les techniques bien connues de harcèlement et d'intimidation juridique ne peuvent pas franchement s'en réclamer. Nul doute, enfin, que les personnes surendettées trouvent un robot qui leur demande de l'argent plus dystopique qu'empathique.
Pour beaucoup, le développement de l'Intelligence artificielle représente un risque majeur pour de nombreux emplois, quand d'autres avancent qu'elle améliorera sans aucun doute la condition de l'humanité. Au moins la moitié d'entre eux ont raison.
Sources : Motherboard, Futurism