Au-delà de la génération d'images et de textes, aux résultats parfois douteux, l'intelligence artificielle peut avoir un rôle important à jouer dans de nombreux secteurs. La police new-yorkaise vient d'en faire la démonstration, et celle-ci est aussi impressionnante que gênante.
Repérer les activités illicites demande beaucoup de travail aux autorités. Elles doivent trouver des suspects, les suivre, les espionner, analyser leurs habitudes et trouver des preuves de leur culpabilité. Mais il est loin, le temps où les détectives devaient se cacher dans leur voiture et traquer les criminels à la manière de Starsky et Hutch. Aujourd'hui, les forces de l'ordre ont accès à des milliers de caméras et à des programmes capables d'analyser les données qu'elles sont en mesure de recueillir.
Des conducteurs surveillés de près par des centaines de caméras
C'est exactement ce qu'a fait la police de l'État de New York, aux États-Unis. Les routes de la région sont constamment scrutées par un système de 480 caméras de surveillance, capables de scanner les 16 millions de véhicules qui défilent chaque semaine. Elles enregistrent leurs numéros de plaques d'immatriculation dans une gigantesque base de données, de même que leurs marques et modèles. Baptisé ALPR, pour « Automatic License Plate Recognition » (reconnaissance automatique des plaques d'immatriculation), ce système a jusqu'à présent été utilisé pour identifier les conducteurs roulant sans permis ou déjà recherchés par la police.
Il ne manquait plus qu'une pincée d'intelligence artificielle pour aller plus loin dans l'analyse de toutes les informations recueillies par l'ALPR, et c'est la société Rekor, spécialisée dans cette tâche, qui a été sollicitée. Son programme d'IA est en effet capable d'éplucher la base de données du système pour établir les habitudes des conducteurs. En repérant des itinéraires régulièrement empruntés, l'entreprise est en mesure de déterminer si certains comportements sont suspects ou non.
Un outil aussi performant qu'effrayant ?
Dernièrement, c'est un certain David Zayas qui en a fait les frais. La police new-yorkaise et Rekor ont analysé les habitudes de l'individu sur plusieurs années, et les algorithmes ont remarqué qu'il faisait fréquemment des allers-retours entre le Massachusetts et certaines villes du nord de l'État de New York. Comme le rapporte Forbes, ces itinéraires sont « connus pour être utilisés par les trafiquants de stupéfiants ». Ainsi mis en lumière par le programme d'intelligence artificielle, il a été arrêté par les autorités, qui ont trouvé dans son véhicule... une grande quantité de drogue, une arme et plus de 34 000 dollars en liquide. La main dans le sac.
Une collaboration prometteuse ? De toute évidence, oui, d'autant plus qu'elle n'en est qu'à ses débuts. L'analyse des comportements suspects est appelée à devenir de plus en plus rapide et efficace, ce qui donnera du fil à retordre à plus d'un criminel. Toutefois, si le fait que les habitudes de millions de conducteurs soient enregistrées et analysées peut susciter des interrogations quant à la protection de leur vie privée, un autre problème se pose. L'intelligence artificielle, bien que capable de choses incroyables, peut aussi se tromper. Le hic, c'est que des forces de l'ordre se sont déjà montrées très confiantes dans leurs outils, à tort. Les erreurs ne sont pas propres à l'humain, et si de telles méthodes ont le potentiel de changer nos vies pour le mieux, elles pourraient aussi conduire à de nombreux dérapages.
Source : Gizmodo