IBM a conçu une intelligence artificielle spécialisée dans l'argumentation. Mais elle n'a pas fait le poids face à un philosophe lors d'un concours de débats.
IBM a encore du travail pour faire de son intelligence artificielle une force de conviction supérieure à l'esprit humain. Le constructeur américain a développé un système baptisé Miss Debater (anciennement IBM Project Debater), spécialisé dans l'argumentation et le développement d'idées.
L'ordinateur n'a pas su convaincre malgré ses 10 milliards d'arguments enregistrés
Pour mettre à l'épreuve son système, la société l'a fait concourir face à Harish Natarajan, champion de la discipline et vainqueur du concours de débat européen en 2012. Les deux participants avaient pour thème l'intérêt des subventions destinées aux écoles maternelles et avaient pour but de convaincre l'auditoire présent de leur point de vue sur le sujet.M. Natarajan et Miss Debater avaient 15 minutes de parole chacun. L'intelligence artificielle a plaidé en faveur de ces aides, arguant du fait qu'elles étaient importantes pour offrir un certain niveau d'éducation aux populations les plus défavorisées. Le philosophe, lui, était hostile à ces subventions, expliquant qu'elles ne résolvaient en rien les problèmes de pauvreté et qu'il s'agissait d'un « cadeau politique » offert aux classes moyennes.
Avant le débat, 79 % du public soutenait les subventions, 13 % pensait qu'il fallait les stopper. Après les prises de paroles des deux intervenants, les personnes favorables aux aides n'étaient plus que de 62 % contre 30 % d'opposants.
À terme, la machine pourra construire et proposer une argumentation structurée
Le public a souligné le fait que les arguments utilisés par la machine étaient des idées déjà entendues. Et pour cause, l'intelligence artificielle est conçue pour piocher son argumentaire dans une base de données composée de 10 milliards de phrases extraites de multiples journaux. La pensée d'Harish Natarajan, plus construite et intuitive, a fait la différence. Mais ce dernier pense qu'à terme, l'ordinateur sera capable de proposer une pensée intelligente, structurée et à utiliser l'émotion et la rhétorique pour convaincre un public.Pour IBM, la défaite n'est pas importante. L'objectif premier était « d'être en mesure de maîtriser le monde infiniment complexe et riche du langage humain ». La prochaine étape pour les équipes du recherche sera d'intégrer des systèmes d'écoute des arguments adverses, afin de construire une réponse adaptée. En d'autres termes, IBM travaille à faire converser naturellement l'homme et la machine.
Pour les anglophones, l'intégralité du débat est à retrouver en suivant ce lien.
Source : Engadget