Nice, ville connectée, ville surveillée... Après avoir tenté l'expérience avec l'application Reporty qui permettait aux citoyens de filmer des actes d'incivilités et de les transmettre directement à la police municipale, le maire de la ville, Christian Estrosi, vient d'annoncer la mise en place d'un test avec un système de reconnaissance faciale sur la voie publique.
Les technologies de reconnaissance faciale sont en plein essor dans le cadre de la vidéosurveillance, notamment dans des pays comme la Chine. En France, c'est une grande première à laquelle va se livrer la Ville de Nice.
Une première en France
Cette dernière s'est en effet vue autoriser par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) à expérimenter pendant deux jours, les 19 et 20 février, un système de reconnaissance faciale (le logiciel Any Vision) par le biais du réseau de caméras de vidéosurveillance de la ville.Ce test grandeur nature se déroulera à l'occasion de la 135e édition du Carnaval de Nice, qui a déjà débuté depuis le 16 février. Il doit permettre de tester cette technologie dans plusieurs situations, comme celle d'un enfant ou d'une personne âgée perdue dans la foule, mais aussi d'identifier et suivre les mouvements d'une personne « d'intérêt » (un individu recherché, par exemple) grâce à six caméras de vidéosurveillance qui seront positionnées sur une zone de test prédéfinie et encadrant une partie de la zone du Carnaval.
Pour mettre ce test en place, la Ville de Nice a dû débaucher un millier de personnes volontaires acceptant de se prêter au jeu et de donner leur consentement. Cela permettra à l'équipe responsable du test de rechercher dans la foule des profils comme ceux que nous venons de citer ci-dessus. Notons toutefois que toute personne qui n'aura pas donné son consentement aura ensuite le visage flouté et ne sera par conséquent pas identifiable. Des affiches et panneaux informatifs seront également déposés sur tout le site. Suite à ce test, un rapport devra être remis à la CNIL d'ici deux mois.
Un danger pour les libertés individuelles ?
Ce n'est pas la première fois que Christian Estrosi s'intéresse de près à la reconnaissance faciale. Peu avant le drame de l'attentat sur la Promenade des Anglais en 2016, le maire de la ville avait déjà tenté de faire modifier la législation afin d'utiliser cette technologie à Nice.Avec une caméra pour 145 habitants, il va sans dire qu'une telle technologie devrait donner de nombreux résultats. Reste à voir si, au-delà des problématiques d'éthique et de protection de la vie privée, un tel recours à la reconnaissance faciale ne se transformera pas en obstacle pour les libertés individuelles.