Au Brésil, la justice a décidé de suspendre la messagerie Telegram. Cette dernière est accusée de ne pas avoir collaboré avec les autorités pour stopper des groupes néonazis.
Le Brésil n'est pas vraiment une terre promise pour Telegram, qui devrait bientôt rejoindre les services contraints par le futur règlement européen, le DSA. Le ministre de la justice brésilien, Flavio Dino, a annoncé mercredi lors d'une conférence de presse avoir ordonné la suspension de la messagerie chiffrée. Les dirigeants de l'application ont refusé de fournir à la justice les éléments et données de groupes antisémites soupçonnés d'avoir inspiré des actes violents dans le pays.
Des meurtriers qui se nourrissent de violence sur Telegram
Le 5 avril dernier à Blumenau (dans l'État de Santa Catarina, au sud du Brésil), un homme était entré dans une crèche, tuant quatre enfants à la hache. L'événement, tragique, a secoué le pays, et les enquêteurs ont alors demandé, après avoir reçu l'accord d'un juge, que Telegram leur livre des informations sur les utilisateurs d'un groupe de discussion.
L'auteur de cette sanglante attaque aurait été influencé par des groupes néonazis prônant l'extrême violence sur Telegram. Le gouvernement brésilien a ainsi pris des mesures pour réglementer et contrôler les réseaux sociaux, qui contribuent à produire cette barbarie.
« Nous savons que les messages diffusés par ces groupes sur les réseaux produisent de la violence » en milieu scolaire, a expliqué ce 26 avril le ministre de la Justice du Brésil.
Telegram suspendu au Brésil ? Ce n'est pas une première
La police fédérale brésilienne avait déjà demandé à Telegram de lui fournir les données personnelles des membres des groupes « Front antisémite » et « Mouvement antisémite brésilien ». Les informations proposées par la messagerie ont été jugées largement insuffisantes, par les autorités. Un problème, dans un tel contexte.
Car en novembre 2022, un adolescent de 16 ans ayant tué quatre personnes par balle (une élève de 12 ans ainsi que trois enseignantes) dans une école d'Aracruz, dans l'Espirito Santo, était déjà lié à certains groupes antisémites sur Telegram. Selon la justice nationale, « il est évident que Telegram ne coopère pas avec l'enquête en cours ». Actuellement, la messagerie est sous astreinte de 180 000 euros par jour, jusqu'à ce qu'elle fournisse aux autorités les éléments réclamés.
Et si désormais, Telegram est suspendu au Brésil (les FAI et les boutiques d'application ont été sommées de le faire), l'outil de messagerie instantané n'en est pas à sa première sanction lourde au pays des palmiers. Il avait déjà fait l'objet d'un premier blocage temporaire, en mars 2022, émanant cette fois de la Cour suprême, qui lui reprochait de graves manquements dans sa modération, sur fond de désinformation et de pédopornographie.
Source : Le Monde