Deux ans après l'avoir quitté, l'État français pourrait retourner dans le capital de Dailymotion. Objectif avoué : éviter qu'une grosse société américaine de l'Internet comme Yahoo! n'y prenne trop de parts. Car pour prendre du poids face au concurrent YouTube, la plateforme de vidéos française envisage de développer sa présence aux États-Unis. C'est dans cette optique qu'Orange, propriétaire de Dailymotion à 100% depuis janvier, cherche un partenaire outre-Atlantique.
Yahoo! s'est vite montré intéressé. En quête d'un nouveau souffle, la société de Marisa Mayer a même souhaité reprendre entre 75 et 100% du français. Mais c'était sans compter avec le holà du gouvernement, le 25 avril. « Dailymotion est une des rares sociétés de contenus que la France ait réussi à faire émerger sur le Web ces dernières années, c'est une vraie perle, et qui en plus ne perd pas d'argent. Ce serait quand même dommage de la laisser filer », faisait valoir une source proche de Bercy au Monde.
Le FSN PME serait mobilisé
Afin de contrer cette manœuvre l'État pourrait entrer au capital de Dailymotion par le biais, cette fois, du Fonds pour la société numérique PME (FSN PME), apprend le quotidien Les Échos. Rappelons que l'État possédait déjà, via le Fonds stratégique d'investissement (FSI), une partie du capital de la plateforme jusqu'à début 2011. Le journal ajoute que les fondateurs de Dailymotion, Benjamin Bejbaum et Olivier Poitrey, ont rencontré vendredi Fleur Pellerin, la ministre de l'Économie numérique et des PME, afin de lui expliquer leurs projets.
Les deux hommes voudraient lever 50 millions d'euros afin de soutenir leurs efforts en matière de recherche et développement, l'achat de droits ainsi que le déploiement de leurs filiales à l'étranger. Actuellement, Bercy discuterait avec Orange afin que ce dernier augmente ses investissements dans Dailymotion. Stéphane Richard, le p-dg de l'opérateur, affirmait fin mars qu'il ne souhaitait pas voir Yahoo! s'emparer de l'intégralité de sa filiale, l'une des seules alternatives crédibles à YouTube, malgré le gouffre d'audience qui les sépare.
Plutôt que Yahoo!, l'État chercherait des actionnaires qui resteraient minoritaires, « des acteurs agiles et issus du Web, non des opérateurs télécoms ou du câble », précise le quotidien économique. Le patron d'Orange pourrait finalement se ranger au côté de l'État, actionnaire à 27% de l'opérateurs télécoms, et dont il aura en partie besoin lorsqu'il briguera son deuxième mandat.