Invité à s'exprimer devant les sénateurs mercredi, le PDG d'Altice France Alain Weill a fustigé le dernier rapport de l'Arcep sur la relation client. Le dirigeant en a profité pour rappeler que la consolidation des opérateurs de télécommunications serait inévitable.
Le PDG de NetxRadioTV, de SFR et de leur maison-mère Altice France, Alain Weill, était auditionné ce mercredi 12 décembre par la Commission des affaires économiques du Sénat, présidée par Sophie Primas, sénatrice Les Républicains des Yvelines. Le dirigeant a tenu à mettre les choses au point avec l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques), dont le bilan anniversaire de sa plateforme « J'alerte l'Arcep » égratigne SFR.
Alain Weill a aussi rappelé que les investissements grandissants du secteur des télécoms, et l'arrivée prochaine de la 5G, pourraient bien entraîner la disparition de l'un des quatre opérateurs. Et, selon lui, ce ne sera ni Orange, ni SFR.
Pour Alain Weill, l'Arcep est « de très mauvaise foi »
Mardi 11 décembre, l'Arcep a publié un bilan dans lequel elle revient sur la première année d'existence de sa plateforme « J'alerte l'Arcep », créée en octobre 2017 pour faciliter le signalement de dysfonctionnements rencontrés par les Français dans leurs relations avec les opérateurs mobiles. Dans le rapport, SFR est pointé du doigt comme étant l'opérateur ayant entraîné le plus de signalements (30 à 35 alertes pour 100 000 clients en moyenne), devant ses trois autres concurrents. Évidemment, ces résultats ne sont pas du goût d'Alain Weill.« J'ai trouvé cette étude de très mauvaise foi. [...] Elle ne tient pas compte des tendances de SFR », précise-t-il, avant de se justifier davantage : « C'est très long de changer la perception qu'ont les clients de la qualité de l'opérateur. Même si vous avez amélioré la couverture de votre réseau dans une ville, s'il y a eu des défaillances pendant plusieurs mois, avant que les gens aient la conviction que le travail a été fait, cela prend du temps. Au moment où l'Arcep sort son rapport incomplet, nous avons déjà fait un travail considérable ».
Alain Weill regrette que l'Arcep n'encourage pas davantage le travail des opérateurs, alors que SFR fait l'objet d'une instruction de la part de l'Autorité administrative indépendante, pour ne pas avoir respecté le cadre de la portabilité des numéros fixes.
Bouygues Telecom ou Free, l'un des deux va-t-il céder aux sirènes de la consolidation ?
S'agissant de la concurrence entre les quatre opérateurs, Alain Weill a rappelé que, s'il ne souhaite « pas particulièrement » une consolidation, celle-ci paraît inévitable et concernerait directement Bouygues Telecom et Free, qui ne sont pas « cash flow positif », comme le précise le dirigeant. Chez SFR, « nous avons les moyens de notre ambition », martèle Weill, qui a tenu à rappeler que l'opérateur au carré rouge avait fait le choix d'investir dans ses infrastructures, une « priorité » pour le groupe Altice, pourtant très endetté.Mais Bouygues Telecom et Free sont des entreprises plus petites, « et à un moment, il y aura un rendez-vous avec l'Histoire, quand les investissements vont encore augmenter ». Alain Weill a pris l'exemple de la 5G, qui va conduire les États-Unis à passer de quatre à trois opérateurs (T-Mobile et Sprint devraient fusionner), et la Chine de trois à deux opérateurs. L'Europe, elle, en compte 87. Beaucoup trop aujourd'hui pour financer correctement les infrastructures fibre et 5G.