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Les présidents des trois groupes audiovisuels signent une tribune pour dénoncer l'attitude des plateformes de streaming.

Il est assez inhabituel de voir les géants de l'audiovisuel français réunis au sein d'une même tribune. C'est pourtant le cas aujourd'hui à travers les colonnes du journal Le Monde.

Une chronologie des médias qui passe toujours aussi mal chez les géants du streaming

Dans cette lettre intitulée « Nous, responsables de télévisions gratuites, demandons aux pouvoirs publics de ne pas céder au diktat des plates-formes payantes », Gilles Pélisson, P.-D.G. de TF1, Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, et la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, interpellent les pouvoirs publics après les déclarations récentes des plateformes de streaming américaines.

Petit rappel des faits. Au début de l'année, les différents acteurs du secteur du cinéma et de la télévision se sont mis d'accord sur une révision de la chronologie des médias. Les plateformes de SVoD comme Disney+ ou Amazon Prime Vidéo voyaient leur fenêtre de diffusion des films sortis en salle avancée à 17 mois, contre 36 mois auparavant. Netflix bénéficiait quant à elle d'une diffusion des films à 15 mois, grâce à un accord de financement signé avec le cinéma français.

Les chaînes de télévision gratuites, comme TF1, M6, France 2 ou France 3, doivent quant à elles attendre 22 mois pour diffuser des films, qu'elles ont pourtant pu financer en partie grâce à des accords de coproduction. Les trois groupes rappellent d'ailleurs avoir mis 144 millions d'euros sur la table pour financer 126 films, contre 50 millions engagés par les plateformes de SVoD.

Là où le bât blesse, c'est que seulement quelques mois après la signature de ce nouvel accord, les plateformes de streaming souhaitent déjà revoir la chronologie des médias à leur avantage.

Les chaînes françaises veulent faire respecter leur fenêtre de diffusion

Disney est l'acteur le plus vindicatif aujourd'hui sur la question. Après avoir retiré des salles son prochain « film de Noël » intitulé Avalonia, l'étrange voyage, le studio américain souhaite annuler la sortie de Black Panther: Wakanda Forever, rien de moins que le dernier et très attendu film Marvel Studios.

TF1, M6 et France Télévisions parlent tout simplement d'un « chantage » et indique dans la tribune que Netflix profite aujourd'hui « de ce vent de contestation américain pour faire volte-face et le remettre en cause dans une solidarité de circonstance ».

Les trois groupes rappellent l'importance de la chronologie des médias pour garantir la bonne santé du cinéma français et sa diversité. Ils exhortent les pouvoirs publics à « ne pas céder au diktat interprétatif de ces plates-formes payantes internationales ». Les groupes français demandent notamment à ce que leur fenêtre de diffusion soit respectée, avec l'impossibilité pour les plateformes de diffuser ces films durant cette période. Ainsi, un film Disney devrait par exemple être retiré de Disney+ lorsque M6 en récupère les droits de diffusion.

« Il y va de la survie du cinéma français que les chaînes en clair financent et sont les seules à proposer au public gratuitement : souhaite-t-on que l’accès au cinéma en France soit réservé à des services payants ? », concluent les trois acteurs hexagonaux.

Les discussions sur la chronologie des médias reprendront entre les différents acteurs de l'audiovisuel à partir du 4 octobre prochain pour tenter de trouver un nouveau compromis.

Source : Le Monde