Au même titre que Stéphane Courbit ou Daniel Kretinsky, Xavier Niel fait partie des prétendants au rachat du groupe M6, dont le montant dépassera à coup sûr le milliard d'euros.
Après l'échec de la fusion TF1-M6, qui faisait craindre la naissance d'un acteur publicitaire un peu trop imposant, voilà que les prétendants se bousulent au portillon pour s'emparer de la filiale du géant allemand des médias, Bertelsmann. Et s'il n'est pas le seul en lice, un certain Xavier Niel se montre très sérieusement intéressé. En revanche, son association à la famille Berlusconi dans cette affaire interroge, mais n'étonne pas. On vous explique tout.
Pour le groupe Bertelsmann (propriétaire de M6), le temps presse !
Le groupe Bertelsmann veut se débarasser de M6 au plus vite, et pour cause : le 5 mai 2023 interviendra le renouvellement de la licence TNT de la chaîne auprès de l'ARCOM. Si la vente n'est pas opérée avant cette date, la loi empêchera l'entreprise allemande de revendre l'antenne dans les cinq ans qui suivent. Le délai est extrêmement court, ce qui ne fait pas forcément les affaires de Bertelsmann. Alors, le propriétaire du groupe M6 accueille les offres les unes après les autres.
C'est le tandem le plus étonnant sur le papier. D'un côté, nous avons Xavier Niel, candidat au rachat via sa holding personnelle, qui s'est un peu renflouée cet été après avoir cédé ses 11 % de parts restantes dans le groupe La Provence. Pour lancer son offre, le patron d'Iliad (Free) s'est allié à Media For Europe (ex-Mediaset), déjà présente dans plusieurs pays européens.
Sauf que le propriétaire de Media For Europe n'est autre que… la famille Berlusconi, un clan à la réputation sulfureuse. Outre les affinités politiques de Silvio Berlusconi lui-même, ce dernier traîne aussi comme un boulet diverses affaires de corruption et une condamnation pour fraude fiscale.
Niel-Berlusconi, duo folklorique mais légitime (du point de vue concurrentiel)
Mais Silvio Berlusconi a déjà mis un pied en France, c'était en 1986, lorsqu'il fut actionnaire de la Cinq, aux côtés de Jérôme Seydoux dans un premier temps puis de Robert Hersant par la suite. La chaîne, qui présentait à l'antenne des animateurs et programmes débauchés à prix d'or, fit faillite en 1992. Mais au-delà de tout ce qu'on peut dire du passé de la famille Berlusconi, cette dernière ne présente aucun obstacle concurrentiel à un rachat du groupe M6.
Xavier Niel, de son côté, est propriétaire du groupe Iliad et de l'opérateur Free, qui distribue toutes les chaînes de télévision. Certes, mais ce seul argument ne peut pas tenir, puisque Bouygues détient à la fois le groupe majeur TF1 et l'opérateur Bouygues Telecom. Et monsieur Freebox ne détient que 10 % du groupe Mediawan, géant français de la fiction. Le mariage Niel-Berloscuni permettrait au Français de soigner ses attaches en Italie, et à l'Italien de remettre un pied (et plus que ça) en France.
Parmi les autres candidats au rachat de M6, on retrouve l'oligarque tchèque Daniel Kretinsky, déjà propriétaire de magazines (France Dimanche, Télé 7 jours, Marianne…) et jouissant de faibles participations dans certains titres et médias comme Le Monde, TF1 ou un soutien financier à Libération. Rien qui ne puisse donc entraver sa candidature sur le plan concurrentiel.
Saadé-Courbit, la meilleure offre
Le troisième candidat, Rodolphe Saadé, s'est associé à Stéphane Courbit pour présenter une offre. Il est celui qui propose la meilleure offre à Bertelsmann, avec un rachat s'élevant à 20 euros par action, soit près d'1,2 milliard d'euros.
Si Rodolphe Saadé ne pose pas de problème sur le plan concurrentiel (puisqu'il ne détient que le groupe La Provence via le mastodonte français maritime CMA CGM), Stéphane Courbit, lui, peut causer un léger souci, du fait du géant de la distribution et production audiovisuelle Banijay, dont il est le propriétaire. L'entreprise est le premier producteur d'émissions de flux en France (Touche pas à mon poste, Koh-Lanta, les Marseillais, Miss France…).
Chaque candidat essaie de faire jouer ses relations avec les plus hauts personnages de l'État. Xavier Niel est un proche d'Emmanuel Macron, Daniel Kretinsky est conseillé par Richard Ferrand, lui-même très proche du président de la République. Rodolphe Saadé, lui, a embauché le co-fondateur des Jeunes avec Macron, Jean Gaborit, tandis que Stéphane Courbit est un proche de Nicolas Sarkozy, dont la parole compte pour le chef de l'État.
Alors à ce petit jeu-là, qui va l'emporter ? Le match est lancé !