Un thermomètre connecté qui intègre un électrocardiogramme, un stéthoscope numérique et un oxymètre dans un appareil aussi compact qu'une (petite) télécommande de TV : voici la promesse audacieuse du BeamO de Withings. Annoncé comme l'une des innovations du CES 2024, cet appareil médical imaginé en France est désormais disponible à la vente. Tient-il vraiment toutes ses promesses ? La réponse dans mon test.

- Facilité d'utilisation
- Design compact
- Rapidité des mesures
- Autonomie de chameau (8 mois annoncés)
- Synchronisation des données sans téléphone
- Idéal pour la télémédecine
- Visibilité de l'écran sous forte luminosité
- Ecran qui craint les traces de doigts
- Affichage qui se met en veille trop vite
- Housse maigrichonne
- Interprétation des données du stéthoscope
Le thermomètre 4-en-1 de Withings me faisait de l'œil depuis le CES 2024. En bon hypocondriaque assumé, il était évident que ce serait moi qui le testerais pour la rédaction. Le grand jour est arrivé : que vaut vraiment le BeamO, et peut-il remplacer le thermomètre traditionnel de nos armoires à pharmacie ? Rendez-vous un peu plus bas.
Déballage et mise en route : difficile de faire plus simple
Côté packaging, on est dans le minimalisme en vogue ces dernières années. La boîte blanche très aseptisée – à mi-chemin entre la tech et le médical, rien de surprenant – contient l'appareil, une housse de rangement rouge très – voire trop – fine, un câble USB Type-A vers USB Type-C de 80 cm, un adaptateur USB-C vers une prise mini-jack 3,5 mm femelle, un guide de démarrage rapide multilingue ainsi qu'un mode d'emploi (uniquement en anglais, mais un QR code donne accès à la version française numérique).
À quoi ressemble ce thermomètre du futur ? Si vous êtes familier avec les tensiomètres de la marque, la coque du BeamO est faite du même polycarbonate – un plastique mat blanc – et reprend sensiblement le même design allongé aux bords arrondis et extrémités à angle droit, mais dans un format beaucoup plus compact (3,7 x 1,9 x 13,6 cm). L'appareil est très léger (80 grammes), peut-être trop, au point que j'ai failli le laisser tomber plusieurs fois. Au centre, une grande zone en plastique noir accueille un bouton directionnel (centre pour valider et réveiller l'appareil, cercle extérieur pour naviguer dans les menus, selon la position horizontale ou verticale de l’appareil). L'écran LCD sous cette surface noire mesure 4,8 cm de diagonale (1,9 pouce) avec une définition de 320 x 170 points, soit 191 points par pouce. Soyons francs, on a vu mieux en définition et en luminosité, mais rarement aussi bien sur un appareil médical. L'écran est donc perfectible, mais suffisant pour son utilisation.
Les deux gâchettes métalliques placées sur l'une des tranches sont des électrodes. Celle de droite intègre un capteur optique destiné à mesurer la saturation en oxygène du sang (SpO2). Sur la tranche opposée, un port USB-C permet de recharger l'appareil ou de brancher une paire d'écouteurs (via l’adaptateur mini-jack fourni) pour écouter les battements du cœur lorsque le BeamO est utilisé comme stéthoscope. Sur le côté gauche de l'appareil quand les gâchettes sont orientées vers le haut, on remarque une petite cavité cylindrique : il s'agit du capteur de température. Enfin, la matière caoutchouteuse située sur le côté droit ne sert pas à poser l'appareil, mais protège le stéthoscope numérique intégré, évitant aussi la sensation désagréable de froid d’un stéthoscope traditionnel.
L’appareil n'est pas employable tout de go, sa mise en route doit passer par l'application Withings. Si vous ne possédez pas d'autre appareil de la marque, téléchargez l’application (via le QR code du guide rapide) et créez un compte. Une fois cela effectué, rendez-vous dans Mes appareils et cliquez sur le bouton Installer un appareil en bas de page ou sur le signe + en haut à droite. Sélectionnez BeamO et suivez les étapes.
Vérifiez que le Bluetooth est bien activé sur votre smartphone et munissez-vous de vos identifiants Wi-Fi (pour synchroniser l'appareil même quand votre smartphone n'est pas à portée). L'installation, aussi simple que pour une montre connectée, prend environ 5 minutes, incluant les updates nécessaires pour mettre à jour l'appareil avec la dernière version de son logiciel interne.
L'autonomie annoncée par Withings est de 8 mois (impossible à vérifier après seulement une semaine d’utilisation), et le temps de recharge serait d'une heure. Bref, le BeamO a été conçu pour être oublié dans une armoire à pharmacie et pouvoir en ressortir opérationnel à tout moment.
Comment ça marche un thermomètre multiscan 4-en-1
Ce qui frappe avec le BeamO, c'est sa simplicité d'utilisation, presque frustrante.
Électrocardiogramme (ECG) : en 30 secondes chrono !
Pour effectuer un électrocardiogramme, allumez l'appareil, sélectionnez votre profil, puis choisissez l'icône ECG/SpO2. Un message indique alors de placer vos index sur les électrodes. L'écran affiche instantanément deux courbes et un indicateur visuel de pression : c’est là que le capteur de force du BeamO intervient, vous guidant pour maintenir une pression adéquate sur les électrodes. Après 30 secondes, vous obtenez vos résultats : niveau d’arythmie, rythme cardiaque et oxygène dans le sang, accompagnés d’une petite pastille de couleur pour faciliter l’interprétation.
Oxymètre : 15s seulement… avec la mesure de votre pouls
Pour simplement mesurer votre saturation en oxygène, posez uniquement l'index droit sur l’électrode avec capteur optique. Le résultat apparaît lui en seulement 15 secondes avec, en bonus, votre rythme cardiaque.
Thermomètre : détection automatique de l'artère temporale
Même simplicité pour la prise de température corporelle : activez la fonction et balayez le capteur le long de votre tempe. Après quelques essais, le mouvement devient intuitif, l'artère temporale parfaitement ciblée, et les résultats corrélés avec ceux d'un thermomètre électronique (Terraillon utilisé comme référence).
Stéthoscope : pas vraiment fait pour le grand public
Le mode stéthoscope est plus délicat. L’interface du BeamO indique précisément les zones à écouter (cœur, poumons, etc.). Avec le casque fourni ou via l’adaptateur mini-jack, vous entendez clairement les sons cardiaques et respiratoires. Toutefois, en l’absence de système d’interprétation immédiat (pas d’indication visuelle ou de commentaire sur l'appareil après les écoutes), l’utilisateur lambda sera vite perdu.
De plus, les points d'écoute ne sont pas faciles à identifier clairement sur le petit écran du Beamo. Je me suis aussi surpris plusieurs fois à confondre ma gauche de ma droite en regardant l'écran comme un miroir. Par ailleurs, certaines zones du dos sont difficilement atteignables sans aide extérieure (écoute des poumons).
À court terme, et à mon avis, ce stéthoscope servira surtout lors des téléconsultations avec un médecin ou lors d'un suivi médical à distance. Mais à l'ère du big data, il est fort probable que Withings fournisse vite une analyse automatisée grâce à l'IA, un assistant interactif qui pourra nous aider à interpréter les enregistrements audio de notre coeur et de nos poumons et, pourquoi pas, réaliser des premiers diagnostics. Si vous avez bien suivi les instructions à l'écran, toutes vos captations sonores finiront bien stockées dans l'application, avec des explications sur les zones écoutées au stéthoscope. Signalons, enfin, que j'ai essayé de brancher directement des écouteurs USB-C sur l'appareil et que cela n'a pas fonctionné.
L'appli : centralisez vos données et partagez-les avec votre médecin
Toutes ces données de santé – enregistrements sonores cardiaques et pulmonaires, ECG, fréquence cardiaque, SpO2, température – sont ensuite synchronisées avec votre smartphone et centralisées dans l’appli Withings, permettant un suivi clair de votre état de santé et d'établir un historique bien parlant. L'application propose également de partager les données avec votre docteur ou de générer des rapports de santé au format PDF, richement fournis en datas si vous êtes aussi équipé d'autres appareils Withings (montre, tensiomètre et capteur de sommeil). Un bilan cardiovasculaire en ligne réalisé par un professionnel est offert à l'achat du BeamO, une option auparavant réservée à l'abonnement Withings+ (9,95€/mois sans engagement).
L'appli Withings centralise toutes les données mesurées avec le BeamO et permet de les partager avec un professionnel de la santé. ©Nicolas Guyot pour Clubic
Alors, faut-il acheter le BeamO, le thermomètre 2.0 de Withings ? Si vous êtes hypocondriaque comme votre hôte, la question ne se pose pas malgré le prix élevé de ce produit comparé à un thermomètre électronique. Personnellement, j’apprécie son côté tout-en-un, sa simplicité d'utilisation et et son efficacité (aucune mesure rejetée pendant ma période de test). C'est assez remarquable, Withings maîtrise parfaitement son sujet, loin des approximations de certaines montres connectées qu'on trouve sur le marché. BeamO séduira aussi ceux qui pratiquent régulièrement la téléconsultation ou qui nécessitent un suivi médical précis à domicile. Pour les autres, à moins de vouloir documenter finement les données de santé de toute votre famille (un profil enfant est disponible) et proches, passez votre chemin ou attendez une version plus simple de ce thermomètre futuriste (quid d'une version 3-en-1 sans stéthoscope ?). Un bel outil qui préfigure clairement la médecine de demain : connectée, autonome, intelligente et hyper monitorée.
- Facilité d'utilisation
- Design compact
- Rapidité des mesures
- Autonomie de chameau (8 mois annoncés)
- Synchronisation des données sans téléphone
- Idéal pour la télémédecine
- Visibilité de l'écran sous forte luminosité
- Ecran qui craint les traces de doigts
- Affichage qui se met en veille trop vite
- Housse maigrichonne
- Interprétation des données du stéthoscope