L'ONG Transport & Environnement (T&E) fustige les entreprises, collectivités territoriales et administrations de l'État français qui seraient en majorité loin d'avoir atteint les quotas légaux d'électrification de leurs flottes de véhicules.
Celles qui gèrent des flottes de plus de 100 véhicules professionnels prennent-elles leur juste part dans la transition vers l'électrique ? T&E a publié ce jeudi son premier bilan de l'électrification des quelque 6 millions de véhicules professionnels de France, réalisé grâce à des données recueillies auprès du ministère de l'Intérieur et de l'INSEE. Les résultats sont peu flatteurs et montrent l'ampleur de la tâche.
L'État porte le bonnet d'âne du verdissement de ses flottes de véhicules
Les quotas de verdissement pour 2022 étaient fixés par la loi à 10 % pour les entreprises, 30 % pour les collectivités territoriales et 50 % pour les véhicules de l'État. Et autant dire que nous sommes loin du compte. L'État décroche le bonnet d'âne, le titre du plus mauvais élève avec 87 % des administrations qui n'ont pas atteint les quotas légaux de verdissement de leurs flottes, soit près de 9 sur 10 pour lesquelles l'électrification n'est pas encore une priorité.
C'est un peu mieux au sein des entreprises, mais 66 % d'entre elles (en tout cas celles qui possèdent une flotte supérieure à 100 véhicules) n'ont pas atteint les quotas. 64 % des collectivités territoriales étaient en deçà des impératifs fixés par la loi. Les meilleures élèves sont les entreprises publiques comme La Poste, EDF, Aéroports de Paris et la RATP. Seules 37 % d'entre elles n'ont pas atteint les quotas.
Alors, comment expliquer cet échec quasi global ? Léo Larivière, responsable du plaidoyer électrification des flottes chez T&E France, l'attribue à « un échec généralisé de la loi ». Et pourtant, selon lui, « les objectifs légaux sont peu ambitieux et faiblement contraignants ». Ces derniers incluent en effet la possibilité de faire entrer les hybrides rechargeables dans la qualification de « verdissement », mais cela ne bouleverse pas plus que cela les statistiques.
De grands groupes ainsi qu'un ministère écartent totalement les véhicules électriques
Là où le système a failli, c'est qu'il n'a pas de réelle valeur contraignante. Il repose sur la seule bonne volonté des entreprises ou administrations, puisque les contrôles et les sanctions ne sont pas possibles. Au sein de ces grandes organisations, on voit sans mal des stratégies différentes.
En ce qui concerne la part des véhicules électriques et hybrides rechargeables dans les véhicules intégrés en 2022, de nombreux groupes tournent autour de 2, 1 ou même 0 %. C'est le cas de Kiloutou (0,1 %), d'Iliad (1,4 %), d'Air Liquide (2 %), de la Croix-Rouge française (2,4 %), d'Avis Budget Group (Avis, France Cars ; 0,6 %), du ministère de l'Intérieur (2,7 %), d'Altice (2,9 %), ou encore d'Adecco (3 %). Bouygues (8 %), Veolia (8,5 %) et Lidl (8,8 %) ne sont pas si loin et restent en dessous des quotas. Si l'on ne se focalise que sur le renouvellement de la flotte en 2022 et de la part de l'électrique dans tout ça, de nombreuses entreprises pointent à 0 %, comme Allianz, Lidl et Kiloutou.
Sur l'électrique toujours, certaines organisations ont fourni de réels efforts l'an dernier dans le renouvellement de leur flotte. L'Association centrale des utilisateurs de véhicules (89,5 %), EDF (EDF, Enedis, RTE, Dalkia ; 35,3 %), le Groupe La Poste (La Poste, Chronopost, La Banque Postale, DPD ; 28,6 %), l'Agence des Participations de l'État (RATP, Naval Group, Aéroports de Paris, France TV ; 22,4 %), Volkswagen (19,7 %), Mercedes-Benz (17,6 %) et le ministère des Armées (17,6 %) ont entamé une vraie démarche d'électrification.
Transport & Environnement nous indique aussi, pour l'anecdote, qu'aucune des voitures intégrées à la flotte de la présidence de la République en 2022 n'est 100 % électrique. Sans doute pas le meilleur moyen de montrer l'exemple.
Source : Transport & Environnement