© Peugeot
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Des tests effectués sur ces trois modèles révèlent qu'ils ont un impact plus important que mesuré sur l'environnement, ce qui n'est pas sans rappeler l'affaire du Dieselgate en 2015.

Les véhicules hybrides constituent une solution à moyen terme pour réduire les émissions de CO₂ des flottes de véhicules. Comme leur motorisation s'intègre plus facilement aux châssis déjà existants qu'une motorisation tout électrique, ils font l'objet de nombreuses subventions de la part des gouvernements. Mais, la réalité sur le terrain remet en cause les principaux avantages qui leur sont attribués.

Des mesures en deçà de la réalité

L'ONG belge Transport & Environment (T&E) a commandé une étude portant sur trois modèles hybrides rechargeables populaires : la BMW Série 3, la Peugeot 308 et la Renault Megane. Ils ont été testés à la fois en ville, en mode tout électrique, mais aussi sur de longs trajets autour de Graz, en Autriche. Les résultats sont sans appel : leur autonomie 100 % électrique ne répond pas aux besoins des conducteurs et aux promesses des constructeurs, et leur consommation de carburant peut augmenter de manière significative.

En effet, ces véhicules intègrent pour beaucoup une fonction de sauvegarde de la batterie, permettant d'avoir une charge complète une fois en ville en n'utilisant que le moteur à combustion. L'avantage est de pouvoir rouler exclusivement en mode électrique dans les zones urbaines où les véhicules à essence sont progressivement bannis. Cependant, l'étude révèle que les capacités des batteries sont bien souvent trop faibles pour garantir une conduite sans émissions. Elle pointe notamment du doigt le modèle de BMW, qui a dû allumer son moteur à plusieurs reprises lors de tests en ville.

De plus, la possibilité de recharger les batteries avec le moteur pendant la conduite implique que la consommation de carburant est plus importante comparée à une utilisation plus classique. Cette particularité n'étant pas considérée dans les mesures officielles affichées par les constructeurs, les véhicules émettent plus de CO₂ que prévu, ne déplaçant ainsi le problème de la pollution qu'en dehors des centres-villes.

© Transport & Environment
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De nombreuses subventions qui ne devraient pas être destinées aux hybrides

Ces mesures irréalistes permettent aux constructeurs automobiles de bénéficier des avantages financiers offerts par les gouvernements. T&E estime que ceux-ci se chiffrent en milliers d'euros par hybride rechargeable vendu. Cela représenterait 6 900 euros pour Renault, 8 200 euros pour BMW, et jusqu'à 9 300 euros pour Stellantis, société mère de Peugeot. En outre, les États européens ont subventionné ces véhicules à hauteur de 350 millions d'euros pour la seule année 2022, l'Allemagne en étant le principal contributeur.

L'ONG poursuit en affirmant que si les émissions réelles de ces véhicules étaient prises en compte, les constructeurs seraient contraints de vendre 247 000 véhicules 100 % électriques afin de réduire les émissions de leur flotte et d'éviter ainsi de payer des amendes pour forte pollution. Plus encore, les hybrides rechargeables limiteraient la vente de véhicules électriques, et détourneraient ces subventions d'autres alternatives moins polluantes, voire du développement des réseaux de transport en commun.

En 2020, T&E avait déjà commandé une étude similaire pour des modèles de Volvo et Mitsubishi, et les conclusions étaient les mêmes. Elle a établi une série de recommandations à destination des gouvernements pour atténuer ce problème. Dans l'ensemble, elle demande que les véhicules hybrides ne soient plus considérés comme exempts d'émissions, même en électrique pur, tout en limitant les subventions qui leur sont attribuées. Elle pointe aussi du doigt les entreprises qui, pour bénéficier d'avantages fiscaux, ont augmenté la part des hybrides dans leurs parcs, sans jamais recourir aux moteurs électriques intégrés qui ne disposent pas d'une autonomie suffisante.

Cette étude fait écho à une déclaration du P.-D.G. de Toyota qui encourage l'hybridation plutôt que l'électrification immédiate. De plus, cette affaire n'est pas sans rappeler le Dieselgate, qui avait mis en lumière les émissions sous-estimées de véhicules de la marque Volkswagen. La tendance semble persister chez plusieurs constructeurs automobiles, détournant ainsi des fonds censés aider la transition énergétique.

Source : Electrek