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L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) a rendu un avis de 9 pages à propos des véhicules électriques en France.

Et tout est question de proportionnalité.

Une batterie inférieure à 60 kWh est favorable à l'écologie au sens large

L'ADEME dresse un bilan plutôt positif de la voiture électrique en France. Il engage néanmoins celles et ceux qui voudraient en détenir (ou qui en possèdent déjà) à opter pour un modèle au plus proche de leurs besoins. La cause principale de cette recommandation provient une fois encore des batteries des voitures électriques. Dans de telles circonstances, avec la nécessité notamment de sécuriser les approvisionnements en métaux rares, tout comme une activité de recyclage amorcée en Europe mais pas encore suffisante, l'ADEME statue que les véhicules électriques possédant des batteries inférieures à 60 kWh sont les plus « écologiques ».

De fait, plus la capacité de la batterie augmente, plus le poids du véhicule fait de même. L'ADEME considère donc qu'avec une batterie supérieure à 60 kWh, « l'intérêt environnemental n'est pas garanti étant donné la variabilité des consommations liées à la masse du véhicule et à ses conditions d'utilisation ». Si elle respecte, en revanche, ce critère, l'agence estime que l'impact carbone du véhicule électrique est deux à trois fois inférieur à celui de son équivalent thermique.

Pour ne pas y aller par quatre chemins, l'ADEME recommande « de choisir une batterie juste adaptée à l'usage majoritaire du véhicule ». En d'autres termes, inutile de sortir le SUV (électrique) pour aller chercher les enfants à la sortie de l'école à l'autre bout du village. Plus largement, il s'agit une fois encore de repenser la mobilité, en favorisant la marche, le vélo ou les transports en commun, plutôt que le véhicule individuel, même électrique.

Une transition trop lente du parc automobile

Dans un contexte de sobriété énergétique, le but est aussi d'affecter le moins possible le réseau. Si l'ADEME note que les stations de recharge sont toujours plus nombreuses, il s'agit aussi d'adapter les comportements habitués depuis des décennies à des recharges en quelques minutes. Or, recharger une batterie de 60 kWh en deux minutes génèrerait un appel de puissance équivalent à celui de 1 500 foyers. Écologique, la voiture électrique peut l'être, mais en prenant le temps.

© ADEME
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La transition du parc actuel majoritairement thermique vers l'électrique aurait donc un impact favorable en matière de bilan carbone, surtout si l'on favorise l'accessibilité pour les ménages à des modèles de véhicules aux gabarits ou aux batteries plutôt « petits ».

Or, cette transition repose aussi sur l'accroissement d'un marché de l'occasion des véhicules électriques, pour des questions de budget des ménages, comme de l'amélioration du processus de recyclage des batteries. La majorité d'entre elles sont fabriquées à partir de métaux rares, ce qui fait que la hausse de la demande et des prix de ces derniers ne permet pas une baisse rapide des tarifs des véhicules électriques neufs par rapport à leurs équivalents thermiques. En l'état, il faudrait seulement effectuer 15 000 km pour rentabiliser une citadine, contre 100 000 pour un SUV (!).

La voiture électrique n'est pas une baguette magique

Pour l'ADEME, une réflexion plus large autour du modèle de consommation des véhicules électriques comme moyen de transport doit être engagée. En plus de la rapidité de la recharge qui module de fait la manière de circuler, il s'agit également, avec les pouvoirs publics, de planifier au mieux les zones d'installation de stations de recharge afin de les rendre les plus efficaces possibles. Il faut ainsi penser à l'approvisionnement par le biais d'une électrique produite de manière durable, mais aussi à l'adaptation à la demande locale.

L'ADEME considère notamment qu'une transposition du modèle de consommation thermique sur l'électrique n'est pas souhaitable, ne serait-ce que pour l'accès en matière de budget de la majorité des ménages à l'énergie nécessaire pour la recharge. Il faut également adapter l'infrastructure réseau à la demande en énergie des superchargeurs et au potentiel bilan carbone accru qui en découlera.

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Enfin, un dernier problème (souvent occulté) est soulevé dans le rapport de l'ADEME : la pollution engendrée par la mobilité relève encore et toujours des particules émises par l'usure des… pneus. Électrique ou thermique, le combat n'avance pas d'un iota sur ce point.

Source : ADEME