Le streamer et vidéaste RebeuDeter a annoncé sur Twitter, ce mardi, la création d'un bot en accès libre à tous les streamers, qui permettrait de coopérer plus efficacement dans la lutte contre le sexisme et le racisme dans les chats.
Saluée par de nombreux streamers, cette initiative nommée Place de la Paix (PDP) permet, en bloquant un compte qui a eu des propos discriminatoires, de le bloquer sur toutes les chaînes qui y participent. Le projet doit encore passer l'épreuve du feu, mais il souligne surtout l'extrême lenteur de Twitch, incapable de réagir efficacement face à ces problèmes qui sont loin d'être nouveaux.
Comment fonctionne le bot ?
Disponible pour tous sur PlaceDeLaPaix.fr, ce bot fonctionne de la manière suivante : si un modérateur d'une chaîne participante repère un commentaire raciste ou misogyne, il le signale au bot. L'utilisateur qui a posté le commentaire est alors banni de toutes les chaînes membres du réseau pour 24 heures, jusqu'à ce que les modérateurs du bot passent le commentaire en revue et décident ou non de confirmer la sanction (qui devient le cas échéant définitive).
Comme l'a expliqué Billy (@rebeudeter), les personnes concernées doivent alors recréer un compte et le valider via un numéro de téléphone pour pouvoir recommencer, un frein considérable au harcèlement groupé dont sont régulièrement victimes les créateurs et surtout les créatrices de la plateforme. À noter que ne sont concernés comme motifs valables que le racisme et le sexisme, pour éviter qu'un utilisateur banni d'une chaîne pour spoil ou backseat par exemple ne perde son accès à des dizaines, voire des centaines de chaînes d'un coup.
La création de ce bot est incontestablement une bonne idée, et de nombreux streamers et streameuses l'ont d'ailleurs accueillie avec enthousiasme. Cependant, cela souligne aussi qu'un problème que Twitch n'a jamais réellement réussi à combattre efficacement est devenu si grave que ce sont les streamers qui ont dû s'en charger. Il ne s'agit donc pas d'une impossibilité technique ou d'un manque de solutions.
D'autant plus que Twitch avait déjà créé une fonctionnalité similaire, mais très incomplète : la partage de banlist. Plusieurs streamers peuvent en effet mettre en commun les listes de gens bannis chez eux. Mais cette option est limitée à 30 personnes et surtout, il n'est pas possible de séparer les gens par motif (un ban pour backseat, par exemple, est traité de la même manière qu'un message sexiste).
Comme souvent sur Twitch, la solution repose sur du travail gratuit
Il est bien sûr beaucoup trop tôt pour tirer un premier bilan de ce système, mais on peut déjà dire qu'il a été conçu en prenant en compte les nombreux retours qui avaient été faits à Billy lorsqu'il avait une première fois abordé la question en live. Le site de présentation en mentionne d'ailleurs beaucoup, et les solutions apportées.
En revanche, une nouvelle fois, la politique de contenu de Twitch est largement appliquée par des modérateurs, nommés pour chaque chaîne par le streamer lui-même, et très rarement rémunérés. Ceux-ci ne sont évidemment pas forcés et le font parce qu'ils apprécient le contenu des créateurs qu'ils modèrent. Il n'empêche que confier un travail aussi crucial pour une plateforme de contenu à des bénévoles est inédit, et il faudra bien un jour s'interroger sur ce statut. L'initiative de Billy est incontestablement un pas en avant, mais peut-être qu'un jour la carte du travail gratuit ne fonctionnera plus, et il faudra alors trouver un autre joker.
Sources : RebeuDeter via Twitter, Place De La Paix