© LCV/Shutterstock
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La plateforme de livraison de repas Uber Eats a déconnecté, ces dernières semaines, près de 2 500 comptes travailleurs considérés comme frauduleux. Lundi, 500 livreurs africains ont manifesté à Paris pour exprimer leur colère et leur désarroi.

Il y a quelques jours, Uber Eats a annoncé avoir déconnecté quelque 2 500 livreurs, après avoir commandé un audit auprès d'un prestataire externe. Celui-ci a enquêté pendant des semaines sur les 60 000 comptes actifs référencés sur la plateforme pour dénicher les profils frauduleux. En conséquence, ils étaient ce lundi peu ou prou 500 à manifester devant le siège français de l'entreprise américaine.

Uber a mené un audit pour traquer les comptes frauduleux

Durant le premier semestre, Uber a mené un audit qualifié de « minutieux » des comptes livreurs qui utilisent la plateforme de livraison de repas. Après avoir identifié les profils frauduleux, la société les a désactivés, mais en mettant en place, en parallèle, une procédure d'appel pour les livreurs lésés.

Dès l'annonce publique de la décision, la CFDT, dans un communiqué signé avec l'organisation Union-Indépendants, a crié au scandale, accusant Uber Eats de jeter « violemment des milliers de personnes dans une extrême précarité », tout en demandant un réexamen de la situation des travailleurs sans papiers, « qui n'ont pas d'autre choix que de travailler sous alias pour survivre », rappellent les organisations.

En septembre 2021, les principaux acteurs de la livraison de repas en France (Uber Eats, Deliveroo, Stuart et Frichti) avaient signé une charte spécifique avec le gouvernement, afin d'harmoniser et de vérifier de façon hebdomadaire l'identité de leurs livreurs.

L'appel au secours des livreurs africains

Lundi, 500 livreurs africains de la plateforme Uber Eats ont défilé à Paris entre la place de la République et le siège français de la société pour crier leur colère, armés des slogans « Uber voleurs », « justice pour les livreurs » ou « livreurs en colère ».

Certains sont Guinéens, d'autres Ivoiriens. Beaucoup étaient en tout cas réunis pour dénoncer des déconnexions brutales, en affichant parfois un taux de satisfaction de 100 % ou presque auprès des clients de la plateforme. « J'ai été déconnecté il y a deux semaines, j'ai travaillé pendant tout le confinement, je demande à Uber de me mettre en règle afin que je puisse travailler librement », a déclaré à l'AFP Osseni Koné, un livreur de 34 ans d'origine ivoirienne. D'autres ne comprennent pas que la firme ne réagisse que maintenant, alors que certains ont adopté ce fonctionnement depuis plusieurs années.

Uber insiste sur le fait d'avoir mené un audit dans le but de lutter contre la sous-location irrégulière des comptes de livreurs, certains profitant de la situation de grande précarité des uns pour se faire de l'argent facile. Et dans le même temps, tous les livreurs interrogés ont reconnu avoir utilisé des papiers d'identité ne leur appartenant pas. Uber Eats a néanmoins réactivé près de 4 % des comptes déconnectés, après un premier réexamen.

Source : Le Figaro, AFP