Alors que l'on parle surtout de Star Trek: Picard en ce moment, j'ai pensé qu'il était temps que cette chronique s'attaque à celle qui, de par son succès et sa qualité, a probablement motivé la création par CBS All Access de ce nouveau show porté par Sir Patrick Stewart. J'ai bien entendu nommé Star Trek: Discovery.
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Star Trek: Discovery, à moitié dans Tilly
Si, à la lecture de ces première lignes, vous vous demandez en quoi votre éventuel manque de culture concernant la vaste licence Star Trek peut être un problème, pas de panique. À titre d'exemple : je n'ai jamais regardé les multiples anciennes séries, ma connaissance se limitant aux deux films récents portés par J.J. Abrams (Star Trek Beyond n'a jamais existé, n'insistez pas) et à quelques personnages connus et reconnus dans la pop culture. Pourtant, je n'ai eu aucun problème de compréhension devant Discovery.Il faut dire que la plateforme à qui l'on doit la série, à savoir CBS All Access, a pris une décision plutôt intelligente en choisissant de réaliser une préquelle à l'histoire originelle. L'intrigue de Star Trek: Discovery se déroule en effet une dizaine d'années avant celle de la première série où il était question de suivre les aventures de l'équipage de l'Enterprise. La série n'utilise ainsi des éléments connus des fans qu'en de rares occasions (et surtout en saison 2) afin de contenter un maximum de personnes, tout en évitant d'en perdre en route.
Trekkie Towers
Ici il est donc question de suivre le personnage de Michael Burnham, la première humaine à avoir reçu une formation vulcaine (une espèce uniquement basée sur la logique et la suppression des émotions, pour les néophytes). Après diverses péripéties dont je préfère ne pas dévoiler la nature pour vous laisser le plaisir de la découverte, sachez juste que le réel point de départ du show est le suivant : Burnham va se retrouver à bord de l'USS Discovery sous les ordres du Capitaine Lorca. Comme son nom l'indique, ce vaisseau de Starfleet est destiné à l'exploration.Mais plutôt que de simplement enchaîner des épisodes procéduraux à coup de « un épisode une planète/une intrigue » comme elle aurait aisément pu le faire, Star Trek: Discovery déploie un fil rouge très surprenant, et surtout, ambitieux. Les relations compliquées avec la faction Klingon, au bord de la guerre avec la Fédération des planètes unies, est l'un des seuls exemples que je daignerai donner, mais, des relations interpersonnelles aux problématiques interplanétaires, soyez sûr qu'il se passe énormément de choses au fil des deux saisons actuellement disponibles.
Plus d'une fois j'ai tout simplement été soufflé par les directions étonnantes qu'osaient prendre les scénaristes. On appréciera également le rythme et l'équilibre du show, qui n'oublie pas de respecter le matériau d'origine et le fameux côté avant-gardiste de Star Trek, tout en modernisant et enrichissant le tout, juste comme il faut.
« Si vous aimez le genre du space opera vous risquez d'être servi »
Une série qui Klingon la barre
On peut également saluer le fait que cette ambition n'est pas trahie par la technique. Dès la saison 1 - et surtout en saison 2 -, les décors, costumes, lumières et effets spéciaux sont extrêmement solides. Star Trek: Discovery évite également le côté kitsch souvent associé à la licence ; visuellement on est ainsi souvent plus proche d'une direction artistique à l'ambiance assez réaliste et sombre, façon The Expanse. Le show n'ayant pas peur de montrer quelques batailles spatiales à l'échelle souvent importante, autant vous dire que si vous aimez le genre du space opera vous risquez d'être servi.J'ai également beaucoup d'affection pour certains personnages de la série, pour leurs évolutions riches et pertinentes, et pour le casting. Et si je pense un peu au cast principal - au demeurant excellent, Sonequa Martin-Green en tête avec son jeu mi-humain mi-vulcain très juste -, je parle surtout du secondaire.
Quelques guests de qualité sont en effet de la partie et je suis tiraillé entre l'envie de vous donner des noms et celle de vous laisser la surprise. Coupons la poire en deux, je vous les écris en tout petit, vous n'aurez qu'à plisser les yeux et passer au prochain paragraphe si vous ne voulez pas savoir : Jason Isaacs (The OA), Anson Mount (Hell on Wheels), Michelle Yeoh (Tigre et Dragon), Doug Jones (formidable dans son rôle de Saru) ou encore Rainn Wilson (The Office).
Une petite Enterprise qui connaît la crise
Pour être parfaitement honnête, car c'est toujours là ma mission principale, Star Trek: Discovery présente tout de même quelques défauts. Une poignée de personnages pénibles (je ne donnerai pas de noms histoire de ne pas orienter votre point de vue), quelques épisodes un peu en-dessous en termes d'intérêt, ou encore quelques tics de réalisation que je n'apprécie pas (arrêtez avec les caméras qui se retournent ou font des cercles autour des personnages qui discutent, par pitié, mon sac à vomi est plein), en sont quelques exemples.Mais ces petits pépins sont finalement bien anodins quand on apprend à quel point les choses ont été compliquées en coulisses au fil des mois, au sein d'un projet qui a probablement été plusieurs fois au bord de l'annulation. Il suffit de considérer le fauteuil de showrunner, où se sont succédé plusieurs personnes, parmi lesquelles Bryan Fuller, le co-créateur de la série avec Alex Kurtzman (deux vétérans de Star Trek), qui a quitté son poste à la fin de la première saison.
Pourtant, et notamment grâce à la fin assez inattendue et audacieuse de la S02, j'ai rarement été aussi curieux de voir où une nouvelle saison de série télévisée allait nous emmener. Puisque oui, il y aura bel et bien une saison 3 et je serai le premier sur le pont pour la découvrir.
Cette série est pour vous si :
- Vous cherchez du space opera de qualité avec de l'ambition- Des personnages charismatiques à la pelle, c'est oui
- Vous aimez Star Trek
Cette série n'est pas pour vous si :
- Vous n'avez pas le temps pour trois saisons minimum- Vous n'aimez vraiment pas le space opera et/ou Star Trek
- Vous n'arrivez pas à faire le salut vulcain 🖖 (pas de panique, moi non plus)
Pour la diffusion en France, c'est Netflix qui possède les droits de la série. Les saisons 1 (15 épisodes) et 2 (14 épisodes) y sont donc disponibles, tandis que la future S03 devrait normalement arriver dans l'année au rythme d'un épisode par semaine, si le deal avec CBS All Access est maintenu. Par ailleurs, pensez à aller faire un saut dans la section « Bandes-annonces et plus » où se trouvent quelques courts épisodes bonus sympathiques, à voir entre les S01 et S02.
Undone, Peaky Blinders, The Capture, Lastman, Battlestar Galactica, Counterpart, Utopia, Manhunt : UNABOMBER, Cosmos, a spacetime Odyssey, The Man in the High Castle, Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D., The Boys
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