Unique, surprenante, touchante et déroutante, Dispatches from Elsewhere est une série comme aucune autre. Je tiens donc à remercier Jason Segel pour avoir réussi à égailler une année 2020 que l'on qualifiera poliment de « morose ».
- Vous aimez vous laisser porter par du mystère et des éléments métas
- Vous recherchez des personnages profondément humains
- Vous aimez l'art (urbain)
- Vous n'aimez pas les mystères et le méta
- Vous n'êtes ni sensible à l'art ni aux soucis humains
- Vous n'appréciez pas quand une série joue avec le spectateur
Le veilleur d'écran[s] S04E01 📺 : Dispatches from Elsewhere
Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Fiche technique Dispatches from Elsewhere
Genre | Drame, Mystère |
Réalisation | Jason Segel |
Editeur | Scott Rudin Productions, Stalwart Productions |
Plateforme | Prime Video |
Nombre de saisons | 1 |
Nombre d'épisodes (Total) | 10 |
Classification | Déconseillé / interdit aux moins de 16 ans |
Dispatches from Elsewhere : la Divine Nonchalance comme remède universel
Si vous saviez comme j'ai eu hâte, tout l'été, qu'arrive septembre. D'abord pour une hypothétique baisse de thermostat, (non, cette chronique n'a pas été écrite en caleçon, vous n'avez aucune preuve), et, surtout, pour pouvoir débuter cette saison 4 du Veilleur d'écran[s].
Certes, les précédents mois ont été l'occasion de proposer des Replays et autres guides des meilleures séries originales Netflix, Amazon, Canal+ ou OCS, mais écrire une véritable chronique m'a sincèrement manqué…
D'autant que pour ouvrir le bal, je vais vous parler de LA série qui, pour le moment, m'a le plus conquis en 2020 - et que je n'ai eu de cesse de conseiller à qui voulait bien l'entendre (et aux autres aussi, d'ailleurs) : Dispatches from Elsewhere.
Magic Jason
Il faut tout d'abord savoir que cette série AMC (disponible en France sur Amazon Prime Video) est un projet extrêmement personnel signé Jason Segel. L'homme, surtout connu du grand public pour avoir incarné le grand Marshall dans How I Met Your Mother, est bien plus qu'un simple acteur. Ici, en plus d'endosser l'un des rôles principaux devant la caméra, il prend aussi la casquette de créateur, de producteur et même de réalisateur du premier épisode.
On peut donc dire, sans trop risquer de se tromper, qu'il s'est tout particulièrement investi dans l'oeuvre. Et encore je ne vous dit pas tout…
La série n'est toutefois pas intégralement sortie de l'esprit de Jason Segel. Elle est basée sur un documentaire de 2013, The Institute, qui traite d'un événement réel ayant eu lieu à partir de 2008 à San Francisco. Durant plusieurs années, des milliers d'habitants de la ville ont participé à une sorte de mystérieux jeu de piste grandeur nature, à base d'indices et de puzzles cachés dans les rues. C'est ce qui va arriver, à Philadelphie cette fois, aux quatre héros de Dispatches from Elsewhere.
Peter (Jason Segel) est un homme calme et doux, coincé dans un travail qui ne l'intéresse pas, mais dont il n'essaye pas de s'échapper (impossible d'ailleurs de ne pas penser par moments au jeu The Stanley Parable). Sa vie introvertie et routinière s'égaye quand, à l'occasion de ce fameux jeu organisé par une étrange organisation, il rencontre l'énergique Simone (Eve Lindley).
Cette dernière, sous ses airs de femme trans épanouie, cache en vérité un cruel manque de confiance en elle et dans les autres.
Reprenant mes bonnes vieilles habitudes, je ne vous en dirai pas plus concernant l'intense Fredwynne (Andre Benjamin) et l'émouvante Janice (Sally Field). Ces riches personnages, tout aussi humains, vulnérables et touchants que les deux autres, méritent indéniablement d'être découverts par vous-même. Les subtilités de l'humanité dépeinte par le show sont d'ailleurs l'une des principales forces de Dispatches from Elsewhere.
Freaks and Geeks in Philly
Au-delà d'un captivant fil rouge cherchant à comprendre le jeu et sa nature aux côtés de personnages tout aussi perdus que le spectateur (s'agit-il seulement d'un jeu ? ou plutôt d'une arnaque ? d'une conspiration ? d'une secte ?), la série - qui rappelle souvent l'excellente Dirk Gently par son scénario coloré et, au premier abord, aléatoire - est une oeuvre pleine de justesse sur l'humain et ses problèmes.
Le show prend ainsi régulièrement les traits d'une véritable thérapie de groupe à laquelle il est impossible de ne pas s'identifier ou, au moins, s'intéresser.
Ce résultat est permis par d'excellents dialogues, un solide sens du rythme, un jeu d'acteur impeccable et une narration qui, distillant avec habileté éléments clés et secrets à percer, parvient à nous garder en haleine.
Soulignons d'ailleurs qu'il est très appréciable de retrouver une actrice trans dans un rôle principal de série, d'autant que les problématiques liées à ce sujet sont évoquées avec finesse et justesse tout au long du show.
« Dispatches from Elsewhere est un voyage comme il n'en existe aucun autre et qui m'a profondément marqué »
Dans tout cela, je n'oublie pas ce qui, à mon sens, est l'une - si ce n'est la - des principales réussites de la série, la cerise sur ce déjà appétissant gâteau aux multiples couches : le formidable narrateur (Richard E. Grant).
Brisant le quatrième mur dès les premières minutes de la série, et à de multiples occasions ensuite, celui-ci s'adresse directement au spectateur, qui devient alors acteur à part entière de l'histoire.
Extrêmement méta et souvent imprévisible, Dispatches from Elsewhere est une série joueuse, qui risque de ne pas plaire à tout le monde, notamment pour ce choix narratif radical. Toutefois, si vous vous laissez porter et que vous entrez dans son délire assumé d'avoir conscience d'être une série, le voyage risque d'être aussi appréciable que renversant, comme il a été pour moi.
De l'Art ou du gros son
Impossible enfin de ne pas applaudir tout l'aspect artistique de la série. Chargé en lieux mémorables et en plans grandioses, le show est un véritable plaisir pour qui apprécie un minimum l'art urbain et les pièces remplies d'objets atypiques et rétro.
Difficile également de ne pas mentionner la présence d'Atticus Ross, accompagné de son frère Leopold Ross et de Claudia Same, à la musique envoûtante que vous êtes peut-être en train d'écouter.
Dispatches from Elsewhere est un voyage comme il n'en existe aucun autre, qui m'a profondément marqué. La série donne envie de participer soi-même au jeu afin d'explorer Philadelphie et, pourquoi pas, détricoter ses problèmes personnels et ceux des autres. Bon courage à 2020 pour proposer quelque chose de meilleur sur le petit écran, car Jason Segel a placé la barre en orbite.
Unique, surprenante, touchante et déroutante, Dispatches from Elsewhere nous entraîne dans un voyage qui ne ressemble a aucun autre, et donne envie de participer soi-même à ce mystérieux jeu pour explorer Philadelphie et, pourquoi pas, détricoter ses problèmes et ceux des autres.
- Vous aimez vous laisser porter par du mystère et des éléments métas
- Vous recherchez des personnages profondément humains
- Vous aimez l'art (urbain)
- Vous n'aimez pas les mystères et le méta
- Vous n'êtes ni sensible à l'art ni aux soucis humains
- Vous n'appréciez pas quand une série joue avec le spectateur
Les 10 épisodes de la S01 (la question d'une éventuelle S02 est toujours en suspens) de Dispatches from Elsewhere sont disponibles sur Amazon Prime Video.
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